Menacée, la sardine portugaise bientôt sauvée ?
Il y a 300 ans, la sardine abondait sur le littoral du Portugal. De nos jours, menacée par la surpêche et les eaux chaudes, elle est loin des seuils de population durable. Pourtant, depuis 2 ans, la biomasse de la sardine semble augmenter, grâce aux mesures strictes de conservation mises en place.
Le temps de l'abondance était semble-t-il terminé pour les sardines au large du Portugal… Maîtresses des côtes atlantiques il y a 300 ans, celles-ci ont vu peu à peu leur population décroître dangereusement jusqu'à nos jours, passant même en-dessous du seuil de durabilité d'une espèce, principalement à cause de la surpêche et du réchauffement climatique.
Toutefois, l'espoir renaît depuis deux ans. L'Institut portugais de la mer et de l'atmosphère (IPMA) et l'Institut espagnol d'océanographie ont réalisé en 2020 un inventaire montrant une augmentation spectaculaire de la biomasse de la sardine de 110 000 tonnes environ. Des chiffres jamais vus depuis 15 ans, explicables par les mesures de conservation mises en place.
Un déclin colossal et inquiétant
Si ces chiffres récents permettent de se réjouir, le déclin de la population des sardines est pourtant inquiétant. En 31 ans, le nombre de sardines au large du Portugal a été divisé par deux : 1,3 million de tonnes en 1984, contre à peine 130 000 tonnes en 2015.
La double pression exercée par la surpêche et le réchauffement climatique est en effet fatale à ces poissons. Il y a 300 ans, les sardines pouvaient profiter d'une remontée d'eau froide et très salée qui leur apportait profusion de nourriture (phytoplancton et zooplancton). Les bancs de sardine pouvaient à l'époque atteindre la taille d'un terrain de football. Une existence aujourd'hui menacée par la hausse de la température des océans.
Les mêmes difficultés sont observées chez les sardines du Pacifique, entre le Mexique et le Canada. L'inquiétude est légitime, car en plus de nourrir l'Homme (fraîche ou en conserve), la sardine alimente les baleines, les lions de mer, les oiseaux de mer, le saumon royal et autres espèces marines…
L'espoir des quotas de pêche
En 2019, en réaction à ce déclin, le gouvernement portugais a pris des mesures drastiques de conservation de l'espèce, en mettant en place des quotas de pêche. Le prélèvement annuel a été limité à 10 000 tonnes de sardines, contre 24 600 tonnes en 2018. Si les pêcheurs ont évidemment exprimé leur mécontentement, les réserves de sardines ont commencé à se rétablir dès la fin 2019...
Loin d'être une solution pour l'espèce elle-même, mais sans doute un espoir pour la filière de la pêche, des projets novateurs d'aquaculture commencent à être envisagés. Les consommateurs, selon des tests à l'aveugle, n'arriveraient pas à faire la différence entre la sardine sauvage et la sardine d'élevage.
Enfin, dernière solution pour préserver la sardine sans mettre à bas la filière de la pêche : se tourner vers des espèces plus abondantes, comme le chinchard, tout en évitant la surpêche pour le bien de l'espèce. La différence de goût avec la sardine serait quasiment imperceptible…