Méga-feu: un énorme danger pour l'humanité et la nature.
Les méga-feux ont le potentiel de transformer définitivement le paysage et tout l'écosystème. A mesure qu'ils s'intensifient, ils dépassent la capacité de la nature à se regénérer, et laissent les experts dans l'impasse.
Le National Interagency Fire Center définit un méga-feu par sa taille : il s'agit de "feu" brûlant plus de 40.500 hectares de terres couvertes partiellement ou totalement par la végétation. D'autres experts élargissent la définition au-delà des "superficies brûlées" en y incluant les impacts inhabituellement importants sur les personnes et l'environnement.
C'est quoi un "méga-feu"?
Plus simplement, un "méga-feu" peut se définir comme "une incendie hors-norme, incontrôlable qui se propage à une vitesse saisissante, ravageant une très grande surface de végétation."
Les méga-feux se multiplient et s'observent malheureusement sur tous les continents. On peut considérer trois principaux facteurs aggravants:
- la croissance démographique et l'étalement urbain: cela augmente l'exposition des biens et des personnes et multiplie les mises à feu accidentelles ;
- les changements d'utilisation des sols, favorisant le développement de la biomasse combustible ;
- le changement climatique et les sécheresses associées qui accroissent la combustibilité des végétaux et, de fait, la propagation des feux.
Quel lien avec le changement climatique?
Les scientifiques affirment que le changement climatique constitue l'une des principales raisons de l'augmentation des méga-feux. Au cours des 40 dernières années, le temps devient de plus en plus chaud et sec ; durant la saison sèche, les forêts sont ainsi plus vulnérables aux feux.
Rétroaction positive : ironiquement, les méga-feux ne sont pas seulement alimentés par le changement climatique, ils y contribuent également en libérant des GES dans l'atmosphère. En conséquence, les méga-feux pourraient devenir encore plus fréquents dans les décennies à venir. A l'échelle mondiale, le risque de méga-feu pourrait augmenter de plus de 50% d'ici la fin du siècle selon les Nations-Unies.
El niño va-t-il aggraver les choses?
En juillet 2023, l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) a annoncé le début d'El Nino. C'est un phénomène climatique périodique qui se produit en moyenne tous les deux à sept ans, associé au réchauffement des températures de surface de l'océan dans le centre et l'est de l'océan pacifique tropical qui, par la suite, influence les régimes du temps et des tempêtes dans différentes parties du monde.
Il est très fort probable qu'El Nino alimente une nouvelle augmentation de la température mondiale. L'OMM prévoit avec une probabilité de 98%, qu'au moins l'une des cinq prochaines années, et la période de cinq ans dans son ensemble, seront les plus chaudes jamais enregistrées, battant le record de 2016, durant laquelle El niño a été particulièrement fort.
Plus la température monte, plus les végétations et le sol perdent en humidité et deviennent sèches. Ce sont des conditions favorables à la prolifération des méga-feux.
Les méga-feux modifient complètement l'écosystème.
Contrairement aux feux de forêts ordinaires, les méga-feux ont le potentiel de transformer définitivement le paysage. Plusieurs études comme celle faite autour des méga-feux de Las Conchas en 2011 au Nouveau-Mexique, ont révélé que certaines zones étaient définitivement converties en prairies ou en d'autres habitats non forestiers.
Le feu est un phénomène naturel, mais à mesure qu'il s'intensifie, il commence à dépasser la capacité de la forêt à se régénérer. Il faut savoir que la forêt met environ 30 à 60 ans à se régénérer après un feu de forêt typique.
Les méga-feux ont un impact écologique immédiat, tuant des plantes et des animaux qui auraient pu survivre à des incendies ordinaires. A plus long terme, l'évolution des régimes d'incendie pourrait faire disparaître complètement certaines espèces, transformer les paysages et refaçonner les écosystèmes.
Quelles sont les pistes de solutions?
Le coût des dégâts associés aux méga-feux est colossal: cela doit englober les dégâts socio-économiques et environnementaux. Malheureusement, même les organismes avertis en matière d'incendie peuvent se retrouver surpassé.
A titre d'exemple, le bilan des méga-feux au Canada en 2023 déplore 18 millions d'hectares brûlées, 6.400 feux, plus de 200.000 personnes évacuées. Les fumées des méga-feux canadiens ont rendu l'air irrespirable par des millions de gens aux USA. Les émissions canadiennes ont atteint le record avec 473 mégatonnes carbone.
Afin de lutter contre les méga-feux et s'adapter à ses conséquences, il faudrait prévoir un enveloppe budgétaire important : premièrement, pour la prévention, l'éducation et la sensibilisation liées aux risques des méga-feux, deuxièmement, pour les interventions durant la catastrophe, et enfin pour le relèvement.