Mayotte : après le passage du cyclone Chido, pourquoi craint-on l'apparition d'épidémies en tout genre ?

Les dégâts provoqués par le passage du cyclone Chido à Mayotte n'ont pas seulement anéanti des vies humaines et des quartiers entiers : ils ont aussi considérablement augmenté le risque d'épidémies majeures sur l'archipel dans les prochaines semaines. Comment l'expliquer ?

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La consommation d'une eau contaminée ou impropre peut entraîner gastro-entérite, fièvre typhoïde, leptospirose ou choléra.

Le bilan humain, toujours provisoire et sans doute largement sous-estimé, continue d'évoluer à Mayotte, 5 jours après le passage du cyclone Chido. Pour autant, alors que le déblayage est toujours en cours, les autorités s'inquiètent désormais du risque sanitaire qui va peser dans les prochaines semaines sur la population locale. Pourquoi y a-t-il un risque énorme d'épidémies ?

Un réseau d'eau et d'assainissement hors service

Hier matin, le bilan toujours provisoire faisait état de 22 morts, 48 blessés graves et 1421 blessés légers après le passage du cyclone Chido sur Mayotte samedi 14 décembre. Une situation jugée "chaotique" par le maire du chef-lieu de l'archipel, Mamoudzou. Mais désormais, les autorités alertent sur le risque de déclenchement d'épidémies, via la consommation d'eau impropre.

En effet, le réseau de distribution d'eau potable et d'assainissement est presque totalement hors service, et tout acte du quotidien doit être établi grâce à des packs d'eau, le plus souvent inaccessibles. Le risque, c'est la consommation par les Mahorais d'eau sale ou polluée, qui peut provoquer des gastro-entérites, voire une fièvre typhoïde, la leptospirose (via les rats) ou le choléra.

Les virus et les bactéries se propagent en effet dans l'eau impropre, souvent prélevée dans des puits ou des rivières. Déjà entre février et juillet dernier, plus de 200 personnes avaient contracté le choléra à Mayotte... Une maladie qui, accompagnée de fièvre, de troubles intestinaux et d'une déshydratation fulgurante, nécessite un diagnostic et une prise en charge rapides.

Chaleur et moustiques, les nouveaux ennemis

Vu l'état du système de santé sur place, les conditions d'hygiène minimale non garanties et l'atteinte du réseau d'eau potable, une reprise épidémique est probable et représenterait un défi sanitaire majeur pour le "gouvernement" Bayrou, déjà sous le feu des critiques. Cet été, l'épidémie avait été stoppée grâce à l'administration d'antibiotiques et à la vaccination de 30000 personnes.

Comme l'a démontré l'Institut Pasteur, la souche de choléra ayant circulé à Mayotte est particulièrement virulente, avec la capacité de résister aux traitements. La chaleur sur place, entre 25 et 30°C, n'arrange rien et pourrait bientôt être un facteur aggravant, des températures élevées accroissant le risque de transmission des virus et bactéries.

Pour couronner le tout, sur l'archipel débute désormais la saison des moustiques, avec à la clé un risque de transmission de virus comme la dengue et le chikungunya. En cas d'épidémie dans les semaines à venir, la pression sur le système de santé déjà à plat risque d'être intenable.

Première annonce du Premier ministre François Bayrou hier soir : la remise en service de deux des six unités de production d'eau potable de l'archipel, couvrant 50% des besoins. Une maigre consolation pour des milliers de personnes toujours sans électricité...

Référence de l'article :

Cyclone Chido à Mayotte : les autorités sanitaires redoutent désormais le possible démarrage d'épidémies. France Info.

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