Limitation de vitesse à 50km/h sur le périphérique parisien : est-ce vraiment une bonne idée ?

À partir du 1er octobre prochain, la vitesse sera limitée à 50km/h sur le périphérique parisien, mais cette mesure sera-t-elle vraiment efficace pour lutter contre la pollution atmosphérique et sonore ?

Périphérique
La baisse de la limitation de vitesse à 50km/h sur le périphérique parisien pourrait-elle engendre des bouchons encore plus nombreux ?

Anne Hidalgo, la maire de Paris, a récemment assuré que la vitesse de circulation serait limitée à 50km/h sur le périphérique de la capitale à partir du 1er octobre prochain.

Pas plus de 50km/h sur le périphérique dès octobre

La limitation de vitesse à 50km/h sur le périphérique parisien était une idée sur laquelle travaillait la mairie de Paris depuis maintenant plusieurs années. En novembre 2023, la mairie dirigée par la socialiste Anne Hidalgo avait annoncé que cette limitation débuterait après les Jeux olympiques et paralympiques, soit à la fin de l'année 2024.

Alors que les jeux paralympiques ce sont achevés dimanche dernier, la maire de Paris a effectivement annoncé que la limitation de vitesse à 50km/h sur le périphérique parisien débuterait très prochainement, dès le 1er octobre. La vitesse maximale autorisée sur cette ceinture routière de 35km entourant Paris depuis 1973 a déjà changé à de nombreuses reprises. En 1993, celle-ci était en effet passé de 90 à 80km/h puis à 70km/h en 2014.

En prenant cette mesure, la mairie de Paris entend réduire la pollution et les nuisances sonores, notamment la nuit pour les quelques 500 000 personnes vivant à proximité de cet axe routier très fréquenté. Selon Anne Hidalgo, cette décision est en effet « une mesure de santé publique » pour les personnes vivant aux abords du périphérique parisien.

Pourtant, comme le déplorent la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse et l'ancien ministre des transports Clément Beaune, aucune étude d'impact n'a été réalisée sur ce sujet. Ceux-ci craignent par exemple que cette limitation de vitesse à 50km/h engendre à terme des bouchons plus nombreux, ce qui aurait donc l'effet inverse en terme de pollution.

La vitesse à 50km/h a-t-elle un réel impact sur la pollution ?

Selon une étude de l'Adem (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) publiée en février 2014 et portant sur les impacts de limitations de vitesse sur la qualité de l'air, le climat, l'énergie et le bruit, il est généralement considéré que la diminution de la vitesse réduit les consommations de carburant et les émissions unitaires de polluants.

Toutefois, d'autres facteurs interviennent, comme le type et l'âge des véhicules, la pente de la voie, la fluidité du trafic, les conditions de circulation, etc,... Ce qui rend plus complexe cette relation entre vitesse et pollution de l'air.

D'après la conclusion de cette étude, au-dessus de 70km/h, les réductions de vitesse ont un effet plutôt positif sur les émissions de particules et d'oxydes d'azote. Néanmoins, en-dessus de 70km/h, l'effet est au contraire plus négatif. En pratique, la situation est plus complexe puisqu'il est important de tenir compte de l'effet de la limitation de vitesse sur les bouchons.

Le passage de 80 à 70km/h d'une voie congestionnée va dans le bon sens pour la qualité de l'air car il favorise la fluidité du trafic. Cependant, selon l'Ademe, la situation est beaucoup plus contrastée pour des baisses de la limitation de vitesse en-dessous de 70km/h, en particulier pour le passage de 50 à 30km/h.

Ainsi, si le gain environnemental d'un passage de 130 à 110km/h est clairement démontré, celui de 90 à 70km/h, et donc de 70 à 50km/h, est déjà bien plus discutable. En effet, aucune des études publiées jusqu'à aujourd'hui n'a jamais démontré l'intérêt environnemental d'un passage de 70 à 50km/h. De plus, selon AirParif, les émissions de polluants observent de toute façon un optimum entre 30 et 70km/h, ce qui veut dire que l'impact sur la qualité de l'air sera très semblable pour une vitesse limitée à 50 ou 70km/h.

Une limitation plus axée sur la sécurité et le bruit ?

Selon Anne Hidalgo, l'amélioration de la qualité de l'air n'est néanmoins « pas le premier effet attendu » pour cette mesure. L'intérêt principal réside dans la réduction du bruit, une pollution sonore qui « empoisonne la vie des habitants à proximité du périphérique » d'après David Belliard, adjoint à la mairie de Paris.

La baisse de la limitation de vitesse aurait déjà eu des effets positifs pour la population logeant près du périphérique. D'après un élu écologiste, les riverains de l'autoroute urbaine ont connu une baisse des nuisances sonores depuis 2014, d'un peu plus d'un décibel en moins la nuit et de 0,5 décibel le jour. La baisse de la limitation de vitesse à 50km/h devrait donc encore accentuer cette réduction de la pollution sonore, mais d'autres méthodes pourraient être plus efficaces.

Enfin, la sécurité et un autre argument avancé pour justifié l'abaissement de la limitation de vitesse. D'après le Cerema, un choc sera deux fois plus violent à 70km/h plutôt qu'à 50km/h, la limitation à 50km/h permettra donc de limiter le nombre de blessés et de victimes sur le périphérique parisien, un des secteurs les plus accidentogènes de la capitale.

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