Les vêtements usagés, futur fléau pour l'environnement en Europe ?
Recycler les vêtements usagés, ou trouver des alternatives plus respectueuses de l'environnement ? C'est sans doute l'un des défis majeurs des prochaines années en Europe, alors que les exportations de ces textiles ont triplé en 20 ans, avec un sort souvent incertain…
Un défi majeur de gestion, mais aussi un enjeu environnemental crucial : c'est ce qui attend l'Europe dans les prochaines décennies au sujet des textiles usagés. Nos vieux vêtements constituent en effet un problème croissant de déchets et d'exportations, alors que de plus en plus de de ces tissus sont envoyés en Afrique et en Asie, avec une empreinte carbone considérable…
Le fléau de l'exportation
C'est un constat étonnant dressé par l'Agence européenne pour l'environnement (AEE) : l'Europe a un problème avec la gestion de ses textiles usagés, et cela se traduit par une hausse considérable de la quantité de vieux vêtements (et vieilles chaussures) exportés, la plupart finissant dans des décharges et certains étant quand même réutilisés. En 20 ans, les exportations de textiles exportés ont en effet triplé, passant de 550.000 tonnes en 2000 à près de 1,7 million de tonnes en 2019, et la hausse devrait se poursuivre. Le défi est donc immense pour notre continent, alors que ces déchets doivent être collectés séparément dans l'Union européenne à partir de 2025.
Ces exportations de textiles usagés s'expliquent notamment par des capacités de réutilisation et de recyclage limitées en Europe. En 2019, on estimait que la quantité de textiles usagés exportés était en moyenne de 3,8 kg par européen, soit 25% de la masse totale de déchets textiles (15 kg par personne). Dans l'inconscient collectif, les dons de vêtements (via l'exportation) sont toujours utiles dans certaines régions du monde, mais cela ne reflète pas forcément la réalité, avec un sort souvent incertain pour les textiles usagés.
C'est en Afrique et en Asie que sont envoyés 87% des textiles européens usagés. Dans le détail, 46% se retrouvent en Afrique et sont généralement réutilisés sur le marché local, où la demande en vêtements d'occasion et bon marché en provenance d'Europe est forte. 41% se retrouvent en Asie, où ils sont triés et transformés, généralement en chiffons ou rembourrages industriels. Le problème, c'est que tout ce qui n'est pas apte à être réutilisé, que ce soit en Asie ou en Afrique, finit principalement dans des décharges à ciel ouvert…
Les fibres bio, vraiment plus "vertes" ?
L'une des pistes pour réduire nos quantités de déchets et leur impact sur l'environnement réside peut-être dans les fibres biosourcées, utilisées dans certains vêtements. Certains les voient comme des alternatives plus durables, ces fibres étant d'origine végétale, non polluantes et avec des performances parfois supérieures à celles des fibres synthétiques plastiques issues du pétrole. On les fabrique par exemple à partir de l'huile de ricin, du blé, du maïs, ou encore de la pomme de terre.
Mais cette piste nécessite toutefois une certaine prudence, puisque les fibres biosourcées entraînent d'autres pressions environnementales. Leur production nécessite l'utilisation de l'eau mais aussi des terres liées aux activités agricoles. Elles participent aussi, pour certaines, à la déforestation.
Enfin, ce n'est pas parce que ces fibres ont une origine biosourcée que toutes les préoccupations environnementales disparaissent : déchets et recyclabilité sont aussi des enjeux qui existent, pour ces fibres mais aussi pour… les microfibres ! Acheter des vêtements moins souvent, voire faire du troc, semblent être des solutions beaucoup plus viables, mais peut-être moins facilement applicables et acceptables socialement…