Les "tempêtes du siècle" (3/4) : Martin, une deuxième dépression jumelle historique le 27 décembre 1999

Notre série consacrée aux "tempêtes du siècle" se poursuit. Il y a 25 ans jour pour jour, le 27 décembre 1999, c'est au tour de la moitié Sud de la France d'être frappée par une tempête, Martin, jumelle de Lothar.

Dégâts tempête Martin 27 décembre 1999
Les dégâts de la tempête Martin sont aussi terribles que ceux de Lothar, ici à Javerlhac, en Dordogne. Photo © Traumrune / Wikimedia Commons.

Dans la nuit du 26 au 27 décembre 1999, une grande partie Nord de la France ne trouve pas le sommeil, le plus souvent sans électricité, après des heures à constater les dégâts de la tempête Lothar. Chez Météo-France non plus on ne dort pas, mais c'est pour une autre raison : les modèles de prévisions laissent entrevoir la possibilité d'une deuxième tempête pour la soirée du 27 décembre...

Une tempête jumelle très mal appréhendée

Il est peu fréquent que deux tempêtes aussi fortes se forment dans un intervalle aussi court. Les prévisionnistes de Météo-France ont du mal à le croire, et pourtant, une deuxième "bombe météorologique" est en train de naître, cette fois bien visible sur l'océan Atlantique, et comme sa sœur jumelle Lothar, boostée par le jet-stream historiquement rapide.

Le 27 décembre 1999, à 4h du matin, Météo-France déclenche donc un nouveau bulletin d'alerte, appelé "alarme" à l'époque, avec encore énormément d'incertitudes sur l'intensité et la trajectoire de la tempête. Les modèles de prévisions ont d'ailleurs constamment sous-estimé les rafales de vent... L'alerte tombe à l'eau, personne ne croyant à l'arrivée d'un deuxième monstre...

À 16h, la pression étant sensiblement la même que lors de la première tempête, on estime que les rafales seront globalement identiques. Elles seront finalement encore plus puissantes, pour concerner toute la moitié Sud de la France. À la pointe de l'île d'Oléron, un anémomètre se bloque à 198 km/h, on peut donc estimer raisonnablement des rafales à 210 km/h sur la côte charentaise.

Une catastrophe nucléaire évitée de justesse ?

Martin, avec des rafales de vent comprises entre 130 et 180 km/h, ravage les régions situées au Sud de la Loire, avec les dégâts les plus importants observés sur la Vendée, les Charentes, l'Aquitaine, le Limousin et le Nord de l'Auvergne. Elle fonctionne sur le même principe que Lothar : un creusement explosif avec une perte de pression de 25 hPa en seulement 9 heures...

La tempête est arrivée en soirée au moment de la pleine mer : le coefficient de 99 a suffi à inonder le port des Minimes à La Rochelle dès 18h30, puis tout le bassin d'Arcachon plus tard dans la nuit, et l'estuaire de la Gironde avec une surcote d'un mètre 50. Une submersion marine qui a mis à l'arrêt à la centrale nucléaire du Blayais, partiellement inondée et où la catastrophe fut proche.

Le lendemain, alors que les vents se déchaînent cette fois près de la Méditerranée, toute la France panse ses plaies, et le bilan des deux tempêtes est historiquement lourd : 92 morts, faisant de cette double catastrophe météo la plus meurtrière en métropole. Un bilan qui s'alourdira ensuite en prenant en compte les décès dans les autres pays européens, concernés eux aussi.

C'est la catastrophe la plus coûteuse de l'histoire en France, avec des dégâts estimés à plus de 10 milliards d'euros, et au plus fort des tempêtes 3,5 millions de foyers sans électricité. 500.000 hectares de forêts ont été dévastés, et au total 138 millions de mètres-cubes de bois sont tombés au sol. Peu à peu, les scientifiques s'interrogent : comment aurait-on pu mieux prévoir et mieux alerter ?

À suivre...

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