Les "tempêtes du siècle" (1/4) : décembre 1999, un zonal surpuissant et un Noël très agité

En 1999, juste après les fêtes de Noël, la France est frappée par deux tempêtes historiques, les "tempêtes du siècle", qui ravagent la moitié Nord puis la moitié Sud du pays. Une catastrophe que personne n'avait vu venir...

Naufrage Erika 1999
En décembre 1999, les actualités sont dominées par la catastrophe de l'Érika. Personne ne mentionne le risque de violente tempête. Photo Stephane Lesbats, CC BY 4.0 , via Wikimedia Commons.

Comme un parfum de fin du monde... Au soir du 27 décembre 1999, la France est ravagée après le passage de deux tempêtes, Lothar et Martin, considérées comme les "tempêtes du siècle". 25 ans après, retour dans le premier épisode de notre série sur les prémices de ces deux monstres. En décembre 1999, le contexte météo était déjà très agité, notamment pendant la nuit de Noël...

Une actualité focalisée sur le naufrage de l'Érika

Le 23 décembre 1999, à la veille du réveillon, la France pense vivre un "Noël au balcon", une douceur agréable mais aussi étonnante, avec des températures ce matin-là souvent comprises entre 9 et 15°C ! C'était sans compter sur la fureur de l'océan Atlantique, bouillonnant, dont l'influence allait bientôt nous impacter avec la plus grande violence.

Dans les médias, à l'époque, personne ne s'intéresse à la situation météo. Et pour cause : nous sommes en pleine marée noire, après le naufrage du pétrolier Érika, qui a déversé des litres de nappes de fioul sur le littoral atlantique. L'événement météo en gestation est passé derrière cette information, d'autant que la France se préparait à affronter l'éventuel bug de l'an 2000, qui finalement n'aura jamais lieu.

Tout a commencé par des orages diluviens sur le Venezuela : la vapeur d'eau issue des pluies s'est échappée pour se diriger en direction de l'Atlantique Nord, venant perturber la circulation classique des perturbations et modifier la courbure du jet-stream, ce courant qui matérialise la limite entre l'air chaud des Tropiques et l'air froid polaire.

Le 25 décembre 1999, déjà des tornades

La rencontre entre ces masses d'air et le substrat des orages vénézuéliens a bousculé ce jet-stream au large du Canada. Plutôt que de se diriger vers le Nord de l'Écosse, comme habituellement, le jet-stream s'est orienté pile sur la France. Le problème, c'est que même à 3 jours de la première tempête, personne ne pouvait le savoir à l'époque, car les bouées météo sur l'Atlantique étaient rares...

C'est donc un flux zonal, un flux d'Ouest, qui a commencé à balayer la France, un peu comme nous l'avons connu cette année, avec une succession de passages perturbés. Le 24 décembre 1999, le vent souffle déjà fort et des remorqueurs se tiennent prêts sur l'Atlantique, alors que l'océan bouillonne. Un amas nuageux se situe au large de la France mais ne ressemble pas à une tempête.

Si alerte il doit y avoir, il pourrait s'agir d'une tempête classique, plutôt sur les côtes de la Manche, quelques jours plus tard, et en aucun cas dans l'intérieur des terres. Le 25 décembre 1999, jour de Noël, le vent se renforce : 130 km/h sur les côtes bretonnes et normandes, 100 à 110 km/h dans l'intérieur des terres. À la mi-journée, des averses orageuses provoquent des tornades en Normandie...

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Dans l'après-midi, Météo-France annonce un nouveau renforcement du vent pour la nuit du 25 au 26 décembre, avec rafales entre 120 et 140 km/h, et décide de placer la moitié Nord du pays en alerte. Pendant ce temps-là, le courant-jet atteint une vitesse de 530 km/h à haute altitude au-dessus de Brest, et un creux dépressionnaire se forme.

À suivre...

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