Les réglementations se durcissent pour Airbnb : la fin du jackpot pour les propriétaires ?
Après Londres et Barcelone, c'est Paris qui freine des quatre fers l'expansion du système Airbnb en votant une loi pour diminuer le nombre de nuitées en meublé touristique par an.
“Que vous soyez à la recherche d'une cabane, d'un appartement en résidence ou d'un château, votre escapade vous attend sur Airbnb”, promet la plateforme américaine. Cabanes et châteaux ne devraient pas être concernés, mais pour ce qui est des appartements, l’offre risque d’être un peu moins abondante à l’avenir.
Aujourd’hui, plusieurs villes et pays européens sont en marche pour freiner la prolifération des meublés touristiques de type Airbnb. Et pour cause. C’est dans l’Union européenne que l’on trouve le plus grand nombre de personnes partageant leur logement sur Airbnb - et Paris représente la première ville mondiale pour Airbnb. Mais entre crise du logement, hausse effrénée des loyers et des prix de vente, surpopulation touristique et tapage nocturne, le phénomène a pris des allures de fléau dans bien des villes touristiques.
90 nuitées maximum à Paris et à Londres
À partir du 1er janvier 2025, louer sa résidence principale en meublé touristique à Paris sera limité à 90 jours par an, comme c’est le cas à Londres et San Francisco. L’abaissement du plafond de 120 jours à 90 jours a été acté par le Conseil de Paris le 19 décembre à l’unanimité. Cette mesure est rendue possible par la loi « Le Meur » du 19 novembre sur la régulation des meublés touristiques.
« Avec plus de 95 000 meublés touristiques déclarés, dont 78 000 résidences principales transformées en mini-hôtels temporaires, la Ville estime que le phénomène a pris une ampleur démesurée », commente la ville de Paris. La mairie évalue à 25 000 le nombre de meublés touristiques loués illégalement dans la capitale pour un milliard d’euros de revenus. Il s’agirait surtout de biens loués toute l’année par des multipropriétaires.
En dix ans, l’expansion du système Airbnb a créé une nouvelle offre d’hébergement pour les voyageurs et des compléments de revenus pour de nombreux propriétaires. Mais avec de multiples effets pervers : réduction du nombre de logements disponibles à la location longue durée, hausse des loyers, nuisances sonores, transformation des commerces de proximité…
A Barcelone, 10 000 logements dans le viseur
De même, à Barcelone, les élus font le ménage, envisageant la suppression de 10 000 locations saisonnières de type Airbnb d’ici à 2029 pour lutter contre la crise du logement. « Le Parlement catalan nous autorise à ne pas renouveler les licences des appartements touristiques », souligne Jaume Collboni, le maire socialiste de Barcelone.
Depuis, les propriétaires ne décolèrent pas. L’Association des appartements touristiques de Barcelone (Apartur) réclame plus de 4,2 milliards d’euros si la municipalité exécute son projet en 2029. Cette demande d’indemnisation concerne 7 200 locations de type Airbnb. Le montant réclamé au gouvernement régional catalan tient compte des investissements réalisés par les propriétaires depuis cinq ans et du rendement qui serait obtenu si l’activité se poursuivait.
Pas plus de 4 personnes à la fois à Amsterdam
De leur côté, Londres et Amsterdam imposent également un nombre de jours maximal annuel. Pour Londres, la règle est celle des 90 nuitées par an pour les logements entiers. En vogue depuis 2017, cette mesure a d’ailleurs été mise en place par la plateforme Airbnb elle-même afin de « permettre aux hôtes londoniens d'agir plus facilement dans l'intérêt de tous ».
Une mesure comparable a été adoptée à Amsterdam, où la limite du nombre de nuitées, initialement fixée à 60 jours, a été rabaissée à 30 par an depuis 2019, toujours en accord avec la plateforme Airbnb. De plus, ces logements saisonniers ne peuvent accueillir plus de quatre personnes à la fois. Enfin, la capitale néerlandaise a rendu obligatoires un permis et un numéro d’enregistrement pour les propriétaires désireux de louer leur logement de façon saisonnière.
Des restrictions similaires en Autriche et en Allemagne
Quant aux villes de Vienne, Munich et Stuttgart, elles ont elles aussi instauré des limites pour la location de logements individuels touristiques, respectivement de 90, 60 et 70 jours par an. En Italie, le gouvernement souhaite également légiférer au niveau national pour réglementer les locations touristiques à court terme. Un projet de loi a été publié l’an dernier reposant notamment sur deux décrets : l’exigence d’une durée minimale de deux nuitées dans les villes à haute densité touristique et l’obligation de détenir un code d'identification national, en lieu et place de la version régionale, pour les différents types d'établissements d'hébergement de courte durée.
Références :
Paris réduit à 90 jours par an les locations type Airbnb, Linda Lainé, 19 décembre 2024
En Europe, les réglementations se durcissent pour Airbnb, Laetitia Lapiana, 13 décembre 2024