Les normales climatiques vont être recalculées en France cette année
Les données servant de référence pour le climat de notre pays vont évoluer au cours des prochains mois. Alors qu'elles avaient été calculées sur la période 1981-2010, elles vont être mises à jour en prenant en compte les 3 décennies suivantes, entre 1991 et 2020.
Le climat change, les statistiques aussi ! Vous avez forcément déjà entendu à la radio ou à la télévision, les présentateurs météo parler de "températures inférieures ou supérieures aux normales de saison" : ce sont justement ces valeurs qui s'apprêtent à être corrigées par les services météo français et plus largement partout en Europe et dans le monde car c'est l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) qui a fixé les règles au sujet de ces normales. Elles doivent être calculées en prenant en compte quelque 30 années de données soit 3 décennies. Avec le passage en 2021, il faut donc les recalculer à partir des données enregistrées entre 1991 et 2020. Ce changement, s'il peut paraître minime, est néanmoins important car les normales permettent d'avoir dans chaque pays des références calculées de la même manière, permettant ensuite d'analyser les données climatiques.
Près de 2°C gagnés depuis le début du XXème siècle
À l'échelle nationale, la température moyenne annuelle qui faisait référence jusqu'ici et donc calculée sur la période 1981-2010, était de 12,5°C. Désormais, elle sera de 12,9°C soit une hausse de 0,4°C en l'espace de dix ans mais si on regarde depuis 1900, date de la mise en place de ces normales climatiques en France, la hausse atteint plus de 1,7°C ! Depuis le milieu de XXème siècle, chaque décennie est ainsi plus chaude que la précédente, confirmant la tendance d'intensification et d'accélération du réchauffement climatique. La hausse de la température la plus importante a eu lieu lors de la dernière mise à jour avec une valeur moyenne gagnant 0,6°C sur la période 1981-2010 par rapport à la précédente.
Cette valeur moyenne nationale qui se base sur 30 stations météo réparties partout en France prend en compte la décennie de 2010 qui a connu plusieurs vagues de chaleur majeures telles que celles de juillet 2015 et 2016 et surtout celles de l'été 2019 avec pas moins de deux vigilances rouges. Fin juin 2019, la barre des 45°C avait été franchie pour la première fois de l'histoire en France tandis qu'au mois de juillet, des records étaient littéralement explosés avec 42,6°C à Paris et plus de 41°C sur les plages de la mer du Nord. Enfin, rappelons que 2020 est devenue l'année la plus chaude jamais enregistrée dans notre pays depuis le début des mesures en 1900.
Le climat de Bordeaux à Paris, celui de Lyon à Strasbourg...
Cette mise à jour ne concerne pas seulement les températures mais tous les paramètres enregistrés par une station météo, à savoir les cumuls de précipitations, les vents ou encore les durées d'ensoleillement. Sont également mises à jour les occurrences qui correspondent au nombre de jours moyen de pluie, de gel, de soleil, de chaleur... Ainsi, les climatologues ont observé que la capitale a désormais le climat de Bordeaux des années 1970. Strasbourg a, pour sa part, récupéré le climat de Lyon ou encore Toulouse, celui de la cité phocéenne ! Ce changement climatique a aussi été accentué par une urbanisation et une bétonisation de plus en plus fortes dans les grandes villes, créant ainsi des effets d'îlot de chaleur urbain, particulièrement visibles les nuits de canicule.
Ces nouvelles données entreront en vigueur au début de l'année 2022, le temps de recalculer des dizaines de milliers de valeurs. Elles seront alors plus représentatives du climat moyen du début des années 2000 alors que jusqu'à présent, les normales correspondaient plutôt au climat des années 1990. Malgré tout, elles conserveront un léger biais par rapport à la période actuelle, lié à un réchauffement climatique toujours plus important. C'est pourquoi, des travaux de recherche sont actuellement menés pour mettre en place dans les années à venir des estimations de normales permettant une mise à jour annuelle et non tous les dix ans.