Les Nations Unies entament une intervention cruciale au Yémen pour éviter une marée noire catastrophique
Après plus de 2 ans de négociations, les Nations Unies ont débuté une mission de nettoyage afin d'empêcher qu'un pétrolier à l'abandon ne déverse de très importantes quantités de pétrole dans la Mer Rouge.
Ce 25 juillet, l'organisation des Nations Unies a débuté une opération complexe pour pomper d'importantes quantités de pétrole continues dans un superpétrolier échoué au large du Yémen depuis 2015 et empêcher la survenue de l'une des plus grandes marée noire de l'histoire.
Une véritable bombe a retardement
Le superpétrolier FSO Safer est un navire vieux de 47 ans amarré à un peu moins de 10km au Sud-Ouest de la péninsule de Ras Issa sur la côte ouest du Yémen depuis 1976. En 2015, son utilisation et sa maintenance ont été stoppées en raison du conflit entre une coalition pro-gouvernementale dirigée par l'Arabie Saoudite et les rebelles houthis. En conséquence, celui-ci est en décomposition progressive et menace maintenant de se briser et d'exploser.
Ce scénario serait une catastrophe majeure pour l'environnement. En effet, celui-ci est chargé de plus d'un million de barils de pétrole qui menacent de se déverser dans la mer Rouge, ce qui entraînerait une catastrophe environnementale quatre fois plus importante que celle causée par l'Exxon Valdez au large de l'Alaska en 1989.
D'après les scientifiques, cette marée noire se rependrait en quelques semaines dans la région, touchant les côtes yéménites, saoudiennes, érythréennes et djiboutiennes. Ce phénomène serait catastrophique pour les espèces marines de la région, tuant de nombreux animaux marins mais touchant également les récifs de coraux et les forêts de mangroves protégées situées près des côtes. La biodiversité, très élevée dans cette zone, serait gravement endommagée.
Egalement, cette marée noire aurait de lourdes conséquences pour les populations de la région, celle-ci pourrait détruire instantanément 200 000 moyens de subsistance et le stock de poissons prendrait environ 25 ans pour s'en remettre. Celle-ci entraînerait également la fermeture de nombreux ports, privant quelques 6 millions de personnes des importations, notamment alimentaires. Les usines de désalinisation proches du Yémen devraient également fermer, menaçant l'accès en eau portable de la population.
Une mission cruciale organisée par les Nations Unies
Compte tenu du risque environnemental et de la certitude que cette marée noire se produira dans un futur plus ou moins proche, il était crucial d'organiser une mission pour mettre un terme à ce risque de catastrophe environnementale majeure. L'organisation des Nations Unies a donc décidé de se charger du projet il y a maintenant plusieurs années, la situation géopolitique et le coût très élevé de cette mission ne permettant pas aux pays limitrophes de l'entreprendre.
Après plus de deux ans de travaux préparatoires, cette mission de sauvetage a donc débuté en ce 25 juillet 2023. Ces travaux comprenaient plusieurs aspects, d'abord politiques, la guerre étant toujours en cours sur la région, l'élaboration du projet mais également la collecte de fonds auprès de différents états. Ce sont en effet quelques 121 millions de dollars qui ont été collectés durant ces deux années auprès de 23 États membres, de l'Union européenne, du secteur privé et du public grâce à un exercice de financement participatif.
Si la somme collectée est déjà très élevée, 20 millions de dollars supplémentaires sont encore nécessaires pour achever complètement la mission, c'est à dire nettoyer et démanteler le FSO Safer mais également éliminer toute trace environnementale résiduelle pour la mer Rouge. Néanmoins, malgré cette somme manquante, les Nations Unis ont bien commencé la partie la plus importante du projet ce 25 juillet, l'évacuation des barils de pétrole présents sur le navire.
Cette évacuation a débuté ce 25 juillet à 10h45 heure locale et devrait maintenant durer 19 jours, temps nécessaire pour le pompage des plus d'un millions de barils de pétrole encore présents sur le navire en décomposition. Cette première étape permettra de limiter nettement le risque environnemental pour la région, bien qu'il faudra ensuite complètement nettoyer la zone et également évacuer la carcasse du navire à l'aide d'une bouée spécialisée, opération qui s'annonce bien plus coûteuse et longue et qui pourrait même entraîner la fermeture du canal de Suez pendant plusieurs semaines.