Les espèces du fond des océans bientôt décimées par les canicules marines ?
L'impact des canicules marines sur les eaux de surface était déjà connu. Mais ce phénomène climatique touche aussi les fonds marins, révèle une étude, avec des conséquences terribles pour la faune qui y vit. Homards et coquilles Saint-Jacques, parmi d'autres espèces, sont-ils en danger ?
Les canicules marines vont-elles décimer les espèces vivant dans le fond de nos mers et nos océans ? Possible, à en croire une étude publiée dans la revue Nature Communications, qui s'intéresse pour la première fois à l'impact de ces températures extrêmes sur la vie de la faune dans les fonds marins. Des conséquences sans doute catastrophiques, que nous allons vous expliquer.
Un phénomène mondial
Nos mers et nos océans sont de plus en plus frappés par des canicules marines, souvent la conséquence d'épisodes de chaleur de plus en marqués, comme on l'a vu en Méditerranée l'été dernier. Leur fréquence a doublé en 10 ans, à cause du réchauffement climatique. A la clé, une mortalité accrue pour la vie animale, comme entre 2013 et 2016 dans l'océan Pacifique, où une canicule marine extrêmement longue avait fait chuter la population de poissons et tué un million d'oiseaux marins.
Alors que les mesures de température s'effectuaient auparavant essentiellement à la surface de l'eau, l'étude publiée dans la revue Nature Communications s'est intéressée aux conséquences de ces canicules marines sur les fonds marins. Comme il est difficile d'accéder à certaines parties des fonds marins pour y faire des mesures, les scientifiques ont ainsi reconstitué les paramètres physiques et chimiques de l'océan ainsi que les courants marins grâce à des modèles informatiques.
Les scientifiques sont clairs : "il s'agit d'un phénomène mondial", qui a des conséquences dramatiques sur la vie animale des fonds marins. Les chercheurs de l'étude en question évoquent l'Australie, la Méditerranée, la mer de Tasmanie, l'Amérique du Nord, mais toute la planète risque d'être concernée par les impacts de ces vagues de chaleur marines. Par ailleurs, les canicules profondes ont tendance à durer plus longtemps que les canicules marines de surface, estiment les auteurs de l'étude, qui précisent que ces événements peuvent survenir simultanément.
Le homard et la coquille Saint-Jacques menacés ?
C'est donc à terme la "faune benthique" qui est menacée, c'est-à-dire les animaux peuplant les fonds marins. Ce sont surtout les espèces d'intérêt commercial qui risquent d'être fortement impactées, comme le homard, le cabillaud ou la coquille Saint-Jacques, même si les autres espèces ne seront pas en reste. D'autres conséquences dramatiques sont aussi à prévoir, notamment en raison de la prolifération en surface d'espèces exotiques invasives lors des canicules marines, telles que le poisson-lion.
Pour le moment, personne ne peut prédire le lieu et la temporalité des prochaines canicules marines, qu'elle soient de surface ou profondes, même si les scientifiques proposent quelques hypothèses pouvant expliquer la survenue de ces phénomènes. La modification des courants océaniques pourrait notamment jouer un grand rôle, par exemple sur la côte Est des Etats-Unis : une modification du Gulf Stream pourrait modifier la température de l'eau en profondeur, avec à la clé les conséquences précédemment évoquées. Certains évoquent aussi l'upwelling, autrement dit des remontées d'eau froide vers la surface de l'océan. Ce qui est certain, c'est que rien ne semble arrêter, avec la poursuite du réchauffement climatique, la multiplication des canicules marines...