Les climatosceptiques français envahissent Twitter !
Une étude publiée il y a quelques jours montre que les climatosceptiques français sont de plus en plus actifs sur le réseau social Twitter. Adeptes des théories du complot en tout genre, leur structuration remonte à l'été 2022, marqué par des évènements climatiques extrêmes.
Le réseau social Twitter est-il envahi de messages climatosceptiques en provenance de France ? La question se pose après la publication d'une étude scientifique ce lundi 13 février, dans laquelle on apprend qu'une importante communauté française de climatosceptiques s'est formée à l'été 2022.
Adeptes des théories du complot en tout genre, ces comptes relaient quotidiennement de fausses informations sur le changement climatique avec une rhétorique particulièrement bien rodée. Explications.
Un boom de climatosceptiques depuis l'été 2022
L'étude publiée ce 13 février par des chercheurs français fait un état des lieux du climato-scepticisme sur Twitter, dresse les stratégies mises en oeuvre par ces militants et cherche à connaître leur motivation. L'étude fait partie du projet "Climatoscope" qui est un observatoire des débats sur le changement climatique sur Twitter. Il a été développé par l'Institut des systèmes complexes de Paris Ile-de-France (CNRS).
Les chercheurs montrent que la parole des climatosceptiques français s'est accrue sur Twitter depuis l'été 2022, à l'occasion d'une triple actualité climatique : les évènements extrêmes que la France a connu (canicules, incendies, etc.), la tenue de la COP27 avec un fort lobbying des industries fossiles, et la convergence des enjeux du changement climatique et d'approvisionnement en énergie, dans le contexte de guerre en Ukraine.
Ces actualités qui ont mis en lumière les enjeux climatiques ont également été propices à l'éclosion de milliers de compte remettant en cause le changement climatique et les travaux des scientifiques.
Une stratégie de désinformation de masse
Dans le détail, l'étude évalue à environ 10.000 comptes actifs français qui relaient de fausses informations sur le changement climatique à coups de milliers de tweets par jour.
Les chercheurs ont tenté de dresser un portrait-robot de ces militants climatosceptiques : 60% d'entre eux relaient la propagande pro-russe sur leur compte, un grand nombre sont "antivax" et une proportion non-négligeable a relayé les messages politiques du groupe "Reconquête" (le mouvement d'Eric Zemmour) lors des dernières élections.
Pour partager leurs fausses informations, les comptes les plus suivis développent une rhétorique bien huilée dite des "5D" : discrédit (envers la communauté scientifique), déformation, distraction, dissuasion et division.
En outre, environ 6% de ces comptes sont en réalités des "bots", c'est-à-dire des robots. Les chercheurs expliquent que ces faux comptes permettent de faire croire en l'adhésion d'une foule à une cause par la création d'une foule factice, une forme de propagande bien connue par similantisme.
Ces faux comptes inquiètent la communauté scientifique, en particulier dans un contexte où le réseau social Twitter a annoncé renoncer à une grande partie de sa modération. Les discours minimisants des climatosceptiques freinent la dissémination des connaissances scientifiques et retardent la mise en oeuvre d'actions urgentes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.