Les blocages en oméga vont-ils se multiplier à l'avenir et pourrir nos étés ?
Les blocages en oméga peuvent apporter un temps très calme et chaud sur certaines régions comme d'importantes intempéries sur d'autres comme c'est le cas ces derniers jours sur l'Europe. Ceux-ci vont-ils se multiplier à l'avenir et risque de gâcher nos étés ?
Un blocage en oméga concerne l'Europe et la France en ce début septembre, apportant un temps calme et exceptionnellement chaud pour la période sur notre pays mais au contraire de puissantes intempéries du côté de la péninsule ibérique et de la Grèce où des inondations meurtrières se sont produites. Ce type de blocage pourra-t-il se multiplier à l'avenir sous l'influence du changement climatique ?
C'est quoi un blocage en oméga ?
Un blocage en oméga tient son nom de sa forme, ressemblant fortement à la lettre grecque Ω. Celui-ci est constitué d'une poussée anticyclonique bordée de part et d'autre par deux zones dépressionnaires plus ou moins stationnaires. Le terme « blocage » vient quant à lui du fait que la circulation atmosphérique peut se retrouver littéralement bloquée durant plusieurs jours voire plusieurs semaines sur une région donnée, que ce soit au niveau du temps calme mais également au niveau des intempéries.
Même si ce n'est pas systématique, le blocage en oméga peut être à l'origine de conditions extrêmes comme c'est le cas en ce début septembre 2023 en Europe. Sous les hautes pressions, le temps peut se montrer particulièrement chaud pour la période comme ces jours-ci sur la France en fonction de la direction du flux d'altitude. La journée du 4 septembre fut par exemple la journée la plus chaude jamais enregistrée en septembre sur la France sous l'influence de ce blocage en oméga. De plus, le temps sec et ensoleillé peut persister durant plusieurs semaines, pouvant donc engendrer des sécheresses durables sur les régions concernées.
A l'inverse, les zones dépressionnaires situées en bordure de cette poussée anticyclonique peuvent apporter des intempéries parfois marquées et potentiellement meurtrières comme actuellement du côté de l'Espagne et de la Grèce. Ainsi, la Grèce est par exemple passée en très peu de temps d'un temps sec et chaud avec des incendies dévastateurs et même records à un temps historiquement pluvieux. On a par exemple pu relever plus de 750mm en moins de 24h à Zagora sur le Centre du pays, battant largement l'ancien record de 644,7mm relevé à Paliki en Septembre 2020. Le Centre de l'Espagne fut également concerné durant le week-end par des orages stationnaires apportant parfois plus de 200mm de précipitations en 24h, provoquant des inondations meurtrières près de Madrid.
Ceux-ci vont-ils se multiplier sous l'effet du réchauffement climatique ?
Les blocages en oméga sont un phénomène atmosphérique qui a toujours été observé depuis le début des relevés météorologiques, intervenant plus régulièrement dans les régions tempérées en fonction de l'orientation du Jet Stream. Ceux-ci peuvent se rencontrer durant n'importe qu'elle saison et avoir des conséquences plus ou moins notables sur les conditions météorologiques d'une région donnée.
Par exemple, entre juin et juillet 2021, des blocages en oméga successifs s'étaient développés sur l'Europe en raison d'un Jet Stream très ondulant. Si la France fut temporairement influencée par des conditions anticycloniques et très chaudes, celle-ci s'est rapidement retrouvée en bordure immédiate de ceux-ci, induisant donc une influence dépressionnaire récurrente avec la circulation de nombreuses gouttes froides apportant de violents orages et même des inondations dévastatrices en plein été, notamment entre l'Allemagne et la Belgique. Une situation contrastant donc fortement avec celle que nous vivons actuellement.
Ces blocages en oméga ne sont pas le fruit du changement climatique, ceux-ci ayant toujours été observés depuis le début des relevés météorologiques. Il n'existe aujourd'hui aucune preuve de l'augmentation du nombre de ces blocages à travers le monde au fil des années et avec l'élévation globale des températures. l'Homme n'a donc pas d'influence sur cette situation atmosphérique particulière.
Cependant, l'influence humaine rend les phénomènes accompagnant ces situations potentiellement plus intenses, que ce soit au niveau des températures plus élevées que la normale sous l'influence des hautes pressions mais également au niveau des l'intensité des intempéries de part et d'autre de l'anticyclone. Ce début septembre 2023 est l'un des plus chauds jamais observés sur la France et ces températures anormalement élevées pour la période peuvent quant à elles être liées au changement climatique.
Du côté de la Grèce, l'intensité exceptionnelle des précipitations ces derniers jours peut-être liée aux températures particulièrement chaudes de la mer Méditerranée après un été brûlant sur ces secteurs. Plus la mer sera chaude, plus celle-ci fournira un air chargé en humidité (l'air chaud peut contenir plus de vapeur d'eau que l'air frais) lors de ce type de dégradation, induisant donc un risque plus important de pluies diluviennes comme celles observées ces derniers jours en Grèce ou durant l'été 2021 sur l'Ouest de l'Europe.
Si il n'est pas possible aujourd'hui d'affirmer que ce type de blocage va se multiplier et potentiellement pourrir nos prochains étés comme ce fut le cas en 2021, il conviendra cependant de surveiller les situations y étant propices, celles-ci pouvant engendrer des phénomènes toujours plus intenses en liaison avec le changement climatique, que ce soit au niveau de la chaleur mais également au niveau des intempéries.