Les activités humaines provoquent un séisme à Strasbourg !
Un tremblement de terre assez fort, de magnitude 3,5, a réveillé l'agglomération strasbourgeoise vendredi matin. Il s'agit du 11ème séisme en un mois, dont l'origine n'est pas naturelle mais découle des activités de géothermie au nord de Strasbourg. Explications.
C'est un réveil peu banal auquel ont eu droit les strasbourgeois vendredi matin. A 6h59 précisément, un séisme de magnitude 3,5 a été ressenti dans toute l'agglomération de Strasbourg et à plus de 30km aux alentours. Il s'agit du plus fort tremblement de terre en Alsace depuis des années.
Ce séisme, dont l'épicentre fut situé à 9km au nord de Strasbourg, a été reconnu comme "induit", ce qui signifie qu'il n'a pas d'origine naturelle. L'exploitant de la centrale géothermique de Fonroche, située à Vendeheim, a reconnu sa responsabilité dans le tremblement de terre, lequel fait suite à une série d'autres séismes similaires. En un mois, 11 séismes plus faibles se sont produits.
Une secousse provoquée par la géothermie
Le séisme de magnitude 3,5 sur l'échelle de Richter a provoqué une secousse de quelques secondes vendredi à 6h59 du matin, ainsi qu'un bruit semblable à une petite explosion. Aucun dégât matériel n'a semble-t-il été reporté, mais les témoignages de ressenti se sont multipliés tout au long de la matinée de vendredi, jusqu'à 30km autour de Strasbourg, soit quasiment dans tout le département du Bas-Rhin. La magnitude 3,5 correspond à la limite à partir de laquelle des dégâts matériels peuvent être observés.
L'épicentre du séisme a été localisé à Vendenheim, une commune située à quelques kilomètres au nord de Strasbourg, et qui a la particularité d'accueillir sur son territoire une centrale géothermique. Quelques minutes à peine après le séisme, le RéNaSS (réseau national de surveillance sismique) qualifiait sans peine le tremblement de terre d'évènement "induit", signifiant qu'il avait été provoqué par les activités humaines et non par un mouvement des plaques tectoniques.
Les centrales géothermiques consistent à pomper l'eau chaude souterraine pour en exploiter le potentiel énergétique en surface, avant de la réinjecter dans le sous-sol. Ces stimulations physiques peuvent provoquer ponctuellement des mini-séismes, parfois assez importants pour être ressentis par les populations locales, comme ce fut le cas ce vendredi matin. Il s'agit néanmoins d'une énergie renouvelable utile pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans la production d'énergie.
11 séismes en un mois dans la région !
Et c'est tout le problème. Dans l'agglomération strasbourgeoise, l'exploitation de la géothermie a provoqué plusieurs dizaines de micro-séismes ces dernières années, dont un assez important en novembre 2019, de magnitude 3,2. Ce dernier avait conduit les exploitants de la centrale de Fonroche à Vendenheim a stopper les forages. Une circulation dite de "sécurité" restait toutefois en place pour maintenir une pression constante dans le sous-sol.
Le mois passé, une dizaine de petits séismes se sont produits à proximité de la centrale géothermique, jusqu'à l'évènement de vendredi et ce séisme bien plus important de magnitude 3,5. Par ailleurs, trois heures après ce dernier, un autre séisme de magnitude 2,8 a été recensé dans la même zone.
Cet évènement a provoqué un certain émoi dans la région, où de nombreux élus locaux ont demandé l'arrêt complet des activités géothermiques, dont des maires des communes à proximité de la centrale. La préfecture du Bas-Rhin devait réunir une réunion de crise vendredi avec l'ensemble des acteurs locaux.
La société Fonroche, responsable de l'exploitation, a annoncé un arrêt complet des activités, mais ce dernier devrait être effectif que dans un mois. "D'autres évènements similaires sont possibles dans le court terme jusqu'à la stabilisation" a prévenu l'exploitant.