Les abeilles ont une "mémoire de navigation", comme les premiers pilotes !
Les abeilles n'ont pas besoin de GPS ! Des scientifiques ont montré que celles-ci avaient une véritable "mémoire de navigation", utilisant les repères linéaires (cours d'eau, routes, etc.) pour retrouver leur chemin, comme le faisaient à l'époque les premiers pilotes d'avion !
Les abeilles ont de la mémoire, et pas n'importe laquelle ! Une véritable "mémoire de navigation", d'après une étude publiée par des scientifiques dans la revue Frontiers in Behavorial Neuroscience. Comme le faisaient les premiers pilotes humains, les abeilles conservent une mémoire des éléments linéaires du paysage dominant dans leur région d'origine pour trouver leur chemin. Il s'agit des cours d'eau, des routes et des bords des champs, par exemple. Un système qu'elles appliquent dans les zones inconnues pour se guider en recherchant des éléments identiques. Séquence explications.
Une véritable "carte mentale" du paysage
Au tout début de l'aviation, les premiers pilotes, sans balise radio, ni système électronique au sol, ni GPS, naviguaient à vue : ils suivaient les routes, les voies ferrées, et tout autre élément linéaire du paysage pouvant les guider vers leur destination finale. Les abeilles font finalement la même chose, comme l'ont montré les scientifiques : elles ont tendance à chercher leur chemin en se basant sur les éléments linéaires du paysage, et en les suivant pendant leur vol. Ces insectes sont décidément des navigatrices par excellence, car on savait déjà qu'elles pouvaient voler en suivant leur odorat, le soleil, voire le champ magnétique terrestre.
Le Dr Randolf Menzel, auteur principal de l'étude, explique que les abeilles utilisent une "mémoire de navigation, une sorte de carte mentale de la zone qu'elles connaissent". Lorsqu'elles cherchent leur ruche depuis une zone inexplorée et inconnue, les abeilles vont se guider en recherchant les canaux, les routes, les bords des champs, nos fameux "éléments linéaires du paysage". Les chercheurs, pour arriver à ces conclusions, ont suivi 50 abeilles butineuses grâce à un transpondeur collé sur leur dos, près du village de Klein Lüben, en Allemagne, il y a une dizaine d'années.
Grâce à ce transpondeur, sorte de radar, les chercheurs ont pu analyser les vols exploratoires des abeilles, lorsqu'elles effectuent des boucles dans différentes directions et sur différentes distances en territoire inconnu, depuis le lieu de leur lâcher. Pendant l'expérience, qui a duré entre 20 minutes et trois heures, les abeilles ont volé jusqu'à neuf mètres au-dessus du sol.
L'analyse des vols exploratoires
Les résultats statistiques de l'étude montrent que les abeilles passent un temps disproportionné à voler le long des canaux d'irrigation, éléments linéaires présents dans le paysage de la zone étudiée. Plus étonnant, les canaux continuent à guider les vols exploratoires des abeilles, même lorsqu'elles se trouvent à plus de 30 mètres d'eux, et qu'elles sont censées ne plus les voir : cela signifie qu'elles ont conservé dans leur mémoire pendant une longue période cet élément visuel linéaire.
Autre résultat intéressant : les abeilles conservent une mémoire de navigation de leur région d'origine uniquement, ce qui signifie qu'elles généralisent ce qu'elles connaissent visuellement aux nouvelles régions explorées pour pouvoir retrouver leur ruche. Si un canal est présent dans leur région d'origine, alors les abeilles se guideront plus facilement dans une région certes inconnue, mais possédant aussi un canal ou un cours d'eau.
Les auteurs de l'étude expliquent pour conclure que les éléments linéaires d'un paysage sont très attrayants en tant que structures de guidage. Beaucoup d'animaux volants, ayant une vue aérienne semblable à une carte, les identifient facilement et utilisent ces repères linéaires pour la navigation : c'est le cas par exemple des oiseaux et des chauves-souris.