Législatives en France : bientôt le vote ! Quel est le plus mauvais parti pour le climat ? Notre comparatif !
La France vote dans 5 jours pour élire ses 577 nouveaux députés : que proposent les trois blocs susceptibles de gouverner en matière d'environnement et d'écologie ? Quel serait le "pire" parti pour le climat ?
La dissolution de l'Assemblée Nationale par le président de la République Emmanuel Macron n'a finalement pas pris de court les partis politiques. Trois blocs se font face pour le vote de dimanche (premier tour) : Ensemble pour la République (la majorité présidentielle), le Rassemblement National (avec son allié Éric Ciotti) et le Nouveau Front Populaire (l'alliance des partis de gauche).
Quelles sont les propositions de ces trois blocs pour l'environnement et l'écologie ? Voici notre comparatif basé uniquement sur les programmes publiés de ces forces politiques pour les législatives. Nous avons volontairement écarté les autres formations, loin de la possibilité d'une majorité absolue selon les sondages. Quel est le pire parti pour les objectifs climatiques de la France ?
Au RN, on refuse "l'écologie punitive"
Le programme du RN se décline en deux temps : d'abord un "temps de l'urgence", jusqu'à l'automne prochain, ou aucune proposition n'émerge sur l'environnement, pas considéré comme un enjeu prioritaire pour les Français. Ce n'est que dans le "temps des réformes", à partir du budget 2025, que le parti de Jordan Bardella développe des idées sur ce sujet, avec un mantra : refuser "l'écologie punitive".
Le parti d'extrême-droite considère que les ménages et les entreprises sont pénalisés par les normes environnementales, qui pèsent sur le pouvoir d'achat et la croissance. Il prône une écologie de "bon sens", basée sur des "réalités scientifiques" (est-ce à dire que ce n'est pas le cas aujourd'hui ?), pour respecter la trajectoire de l'Accord de Paris.
Sur le plan énergétique, cela passe selon lui par la relance du nucléaire, l'investissement dans les barrages hydroélectriques et la sortie définitive du charbon en convertissant les centrales en biomasse, ou en développant l'hydrogène et la géothermie (des technologies vertes).
Pour le quotidien des Français, le RN veut renoncer à l'interdiction de vente des véhicules thermiques en 2035 et inciter les constructeurs à fabriquer des véhicules propres abordables. On notera l'abandon de toutes les interdictions liées aux diagnostics de performance énergétique (DPE), la suppression des Zones à Faibles Emissions (ZFE) et le soutien aux circuits courts.
Ensemble pour la République : la continuité ?
La majorité présidentielle emmenée par Gabriel Attal propose des engagements pour 3 ans, jusqu'en 2027, en caractérisant l'écologie comme l'un des défis de notre génération. Principale mesure soulignée par le programme, la mise en service de 14 nouveaux réacteurs nucléaires pour une économie décarbonée, le but étant de réduire de 20% supplémentaires les émissions de CO2 d'ici 2027.
Financé par une taxe sur les rachats d'actions, un fonds de rénovation énergétique des logements permettra de rénover 300.000 logements supplémentaires pour les classes moyennes et populaires. 100.000 véhicules électriques en leasing social seront aussi proposés chaque année à ces mêmes Français modestes.
Parmi les autres mesures importantes : le lancement de services civiques écologiques dès septembre, la réduction de 50% de l'usage des pesticides dès 2030, la suppression du plastique jetable, le développement des circuits courts et l'adaptation des horaires de travail en période de canicule (notamment dans le BTP).
Nouveau Front Populaire : "l'urgence écologique"
Dans le programme du Nouveau Front Populaire, le défi climatique possède une place importante, l'écologie y étant présentée comme une "urgence". Les premières mesures prises en cas de victoire en juillet seront l'adoption d'un moratoire sur la construction des méga-bassines et des nouvelles autoroutes, mais aussi la mise en place de règles précises de partage de l'eau.
D'ici septembre, une loi énergie climat sera votée pour esquisser la planification écologique. Outre l'instauration de la règle verte (ne pas prendre plus à la nature que ce qu'elle peut reconstituer), tous les ménages se verront proposer des aides pour l'isolation de leurs logements. Le NFP souhaite faire de la France le leader européen des énergies marines (éolien en mer et hydroliennes).
Sur le plan des impôts, le NFP souhaite mettre en place un ISF climatique, supprimer les niches fiscales polluantes et instaurer une taxe kilométrique sur les produits importés. A partir de 2025, le NFP propose d'augmenter les réserves des banques pour faire face aux risques climatiques, et d'arrêter de financer celles qui investissent dans les énergies fossiles.
Face à l'avalanche de mesures, difficile de choisir, mais en voici quelques-unes : TVA sur les transports en commun baissée à 5,5%, rouvrir les petites lignes de train, rétablir les postes supprimés à l'ONF et Météo-France, faire contribuer les industriels à la dépollution des nappes et des sols, interdire le glyphosate et les néonicotinoïdes, soutenir le bio et l'agroécologie, mettre fin aux fermes-usines.
Notre bilan : le pire parti pour le climat est...
Ce qui va suivre n'engage que moi, mais force est de constater que la majorité présidentielle manque sérieusement d'ambition, pour une force politique qui avait proclamé entre les deux-tours de la présidentielle de 2022 que la transition écologique était la "politique des politiques", et que le second mandat d'Emmanuel Macron serait "écologique ou ne serait pas". Chacun sera juge.
Les mesures annoncées par Ensemble pour la République se bornent à prolonger les efforts déjà consentis depuis 7 ans, avec des objectifs chiffrés annoncés dont on ne sait pas comment ils seront atteints sérieusement. Certaines mesures sont toutefois bonnes à prendre pour le climat, comme la rénovation des logements ou le leasing pour les véhicules électriques. Mention Passable.
Du côté du RN, qui est sans doute le plus proche de la majorité absolue pour le moment, le programme écolo se cantonne à une vision surannée, presque pompidolienne, en favorisant le tout-voiture et en supprimant les normes environnementales qui ont pourtant montré leur efficacité.
S'il mentionne la trajectoire de l'Accord de Paris, nul ne sait comment il compte la respecter. L'écologie, considérée comme "punitive", semble plutôt être un obstacle qu'une force sur laquelle construire un meilleur modèle de société. Ce programme, maigre, presque caricatural, est donc sans doute le moins respectueux de nos objectifs climatiques.
Enfin, le Nouveau Front Populaire est le seul bloc à proposer une véritable révolution écologique, actant l'urgence d'agir dans ce domaine. Contrairement à la majorité présidentielle, il n'a pas renoncé à l'objectif d'instaurer une véritable planification écologique, et est le seul des trois blocs à mentionner le bio.
Reste à savoir si cette avalanche de mesures sera réellement finançable, et si les critères budgétaires européens (dont le NFP souhaite par ailleurs s'affranchir) ne seront pas un obstacle. Il y a l'utopie, puis la réalité : mention Bien, avec réserves.
Références de l'article :
Bardella Premier ministre : un projet, une méthode - Rassemblement National
Notre projet - Ensemble pour la République
Contrat de législature - Nouveau Front Populaire