Le Sahara va-t-il subir des pluies historiques dans les prochaines semaines ?

De fortes pluies sont attendues dans les deux prochaines semaines sur le Sahara, notamment sur le Sud et l'Ouest du désert où celles-ci pourraient s'avérer véritablement historiques.

Pluie désert
La pluie est rare au Sahara, qui est l'un des désert les plus aride au monde, pourtant, d'importants cumuls sont attendus sur le secteur dans les deux prochaines semaines

D'après les dernières prévisions, une véritable aberration météo va se produire dans les prochaines semaines. Le Sahara va en effet connaître des pluies potentiellement historiques !

De fortes pluies dans l'un des secteurs les plus arides de la planète ?

Le Sahara est considéré comme le plus grand désert chaud du monde (le plus grand désert du monde étant l'Antarctique). Ce secteur couvrant une large partie du Nord de l'Afrique ne reçoit en effet que peu ou pas de précipitations sur une année.

Cette région du monde est très chaude et sèche car celle-ci se trouve dans la dorsale anticyclonique subtropicale, un système de haute pression permanent rendant l'atmosphère sèche et stable, empêchant donc la formation de nuages et donc de précipitations. Ainsi, plus de la moitié du Sahara , soit une zone de près de 5 millions de kilomètres carrés, reçoit moins de 25mm de précipitations par an.

Pourtant, une partie de ce désert s'apprête a subir dans les deux prochaines semaines des pluies régulières pouvant apporter des cumuls notables, dépassant très largement la moyenne annuelle. Les dernières prévisions font en effet état de cumuls de pluie pouvant dépasser les 20 à 60mm sur une large partie Sud et Ouest du Sahara, localement plus de 100mm.

Même si ces cumuls paraissent relativement peu importants, ils le sont pourtant lorsque la climatologie du secteur est prise en compte. En effet, de tels cumuls sur l'un des secteurs les plus arides de la planète représentent des anomalies de précipitations supérieures de 500% à la normale des mois d'août et septembre, très localement supérieures à 1000%.

Comment expliquer ce phénomène ?

Comme expliqué précédemment, les pluies sont rares à l'échelle du Sahara, parfois même absentes durant plusieurs mois voire années sur les secteurs les plus secs. Il arrive pourtant que des pluies et orages parviennent à se propager jusque sur le Sud de la région lorsque la Zone de Convergence Intertropicale (ZCIT) se propage temporairement plus au Nord.

La ZCIT est une ceinture de quelques centaines de kilomètres de large de zone de basses pressions entourant la Terre près de l'équateur. Elle est formée par la convergence des masses d'air chaudes et humides anticycloniques provenant des tropiques portées par les alizés. Celle-ci est caractérisée par des mouvements convectifs des cellules de Hadley et notamment la formation d'averses et orages quasi-quotidiens sur les zones concernées.

En temps normal, la ZCIT se situe bien plus au Sud que le Sahara sur le continent africain, s'étendant de la Sierra Leone à la Tanzanie entre décembre et février puis remontant un peu plus au Nord, de la Guinée à la mer Rouge durant l'été dans l'hémisphère Nord. Toutefois, cette année, et notamment depuis le mois de juin, la ZCIT se situe bien plus au Nord qu'à l'accoutumée, s'étendant donc même jusqu'en plein désert dans les prochaines semaines.

Ce type d'épisode pluvieux en plein désert n'est pas inédit, se produisant en moyenne une fois tous les 10 ans d'après les chercheurs. Toutefois, les quantités de précipitations prévues en plein désert pour les deux prochaines semaines sont véritablement historiques, pouvant même dépasser l’événement pluvieux de 1994, le plus important jamais observé sur le Sahara depuis le début des relevés météorologiques.

Un événement pluvieux majeur s'apprête donc à toucher l'un des secteurs les plus arides du monde entre la fin du mois d'août et le début du mois de septembre 2024 en raison d'une Zone de Convergence Intertropicale remontant plus au Nord qu'habituellement. Si cet épisode est un signe de plus montrant la perturbation de notre atmosphère, il est toutefois difficile d'en connaître les causes véritables pour le moment.

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