Le moustique tigre va-t-il bientôt véhiculer des épidémies dans l'hexagone ?
Avec son expansion croissante sur le territoire métropolitain, le moustique tigre pourrait bien véhiculer une épidémie dans un avenir proche, ce qui pourrait mettre notre système de santé en tension en cas d'épisode majeur.
La France métropolitaine est exposée à un risque « assez élevé » d'épidémies liées au moustique tigre dans un avenir proche selon l'Anses, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
Un risque d'épidémie de plus en plus accru
Le moustique tigre est aujourd'hui présent dans la majorité des départements métropolitains. Ce sont en effet 78 départements qui sont aujourd'hui concernés par ce moustique alors qu'en 2004, seul le département des Alpes-Maritimes recensait sa présence. Ces dernières années, les cas de dengue et de Chikungunya ont augmenté dans l'Hexagone. On a par exemple pu recenser une cinquantaine de cas autochtones de dengue en 2023 après un record de 66 en 2022.
Jusqu'à présent, les cas autochtones ont été des foyers localisés, où il a toujours été possible de retracer les origines des contaminations. On parle d'épidémie à partir du moment où n'est pas possible de relier toutes les personnes infectées à un foyer, ce qui veut dire que les transmissions échappent au dispositif de contrôle.
La présence de plus en plus importante du moustique tigre en France, les conditions climatiques favorables à sa reproduction et son expansion, l'arrivée de personnes infectées venant de zones où des virus circulent, l'efficacité de la lutte contre les moustiques et la transmission virale sont de nombreux paramètres jouant sur le déclenchement possible d'une épidémie en France.
Selon l'Anses, une épidémie d'arbovirose (famille de maladies virales comprenant la dengue, le chikungunya et le Zika) a une probabilité comprise entre 6 et 7, sur une échelle de 0 à 9, de survenir dans les 5 prochaines années en métropole. Ainsi, il est de plus en plus probable qu'une épidémie de ce type survienne sur notre pays dans un avenir proche.
Comment limiter les risques sur notre territoire ?
En cas d'épidémie, les moyens de prévention et de contrôles des virus arboviroses pourraient être rapidement saturés en France selon l'Anses, qui recommande de ce fait d'adapter les moyens matériels, financiers et humains à travers le pays. Par exemple, il est important de renforcer les campagnes de prévention et de traitement dans les lieux les plus sensibles durant les périodes les plus à risque, à savoir la période estivale.
Le système financier pourrait rapidement se retrouver en tension en cas d'épisode majeur, notamment si les cas sont nombreux et répartis sur une large partie du territoire métropolitaine ou si une épidémie coïncidait avec une autre comme ce fut par exemple le cas aux Antilles en 2020, où une épidémie de dengue s'était développée en même temps que la crise du Covid-19.
Si l'offre de soins, en particuliers les médecins généralistes et les services d'urgences, sont déjà sous tension ou saturés, comme cela peut être le cas pendant la période d'activité du moustique, alors le risque serait également décuplé sur notre territoire. Ainsi, l'Anses préconise de mieux valoriser les expériences d'Outre-mer et de former les soignants aux facteurs de risque et aux signaux d'alerte des formes graves d'arbovirose.
Une épidémie de ce type, même faible, pourrait en effet affecter l'économie française, principalement le tourisme avec une moindre fréquentation des territoires concernés, un paramètre non négligeable quand on prend en compte que le moustique tigre est le plus répandu aujourd'hui sur le Sud et notamment le Sud-Est du pays, lieux particulièrement prisés durant l'été.