Le droit à un air pur : les enfants sont-ils les grands oubliés de la lutte climatique ?

Victimes silencieuses de la crise écologique, les enfants subissent de plein fouet les effets de la pollution et du réchauffement climatique. Qui défend leur droit à un environnement sain ?

Chaque année, la pollution environnementale cause 1,7 million de décès chez les enfants de moins de 5 ans dans le monde.
Chaque année, la pollution environnementale cause 1,7 million de décès chez les enfants de moins de 5 ans dans le monde.

La Déclaration des Droits de l’enfant, adoptée par l’ONU affirme que "l’enfant doit jouir des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à son développement".

Cependant, dans un récent rapport de la Défenseure des Droits, Claire Hédon révèle que face à la dégradation de notre environnement, les enfants souffrent d'une double vulnérabilité, biologique et sociale. Dès leur naissance, les jeunes générations sont confrontées à un avenir de plus en plus incertain, marqué par des catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes.

Les enfants en première ligne

Le constat est sans appel : chaque année, 1,7 million d’enfants de moins de 5 ans meurent des suites de la pollution environnementale, une réalité qui menace leur santé. Pollution de l’air, vagues de chaleur, perte de biodiversité : les impacts du dérèglement climatique s’abattent de plein fouet sur ces générations qui n’ont pourtant aucune responsabilité dans la crise actuelle.

Leur organisme en plein développement les rend particulièrement sensibles. Les enfants respirent proportionnellement plus d’air que les adultes, ce qui les expose davantage aux polluants concentrés près du sol. Leur système respiratoire immature peine à filtrer ces particules nocives, entraînant un risque accru de maladies chroniques comme l’asthme.

De plus, leur faible capacité à réguler leur température corporelle les rend vulnérables aux épisodes de chaleur extrême. Pendant les vagues de chaleur, les admissions pédiatriques aux urgences augmentent de 15 %, un chiffre qui illustre la gravité de la situation.

Des produits toxiques, comme les pesticides, exposent les jeunes générations à des pathologies graves. L’histoire tragique d’Emmy, décédée à cause des pesticides présents dans l’environnement de sa mère, illustre les ravages invisibles de ces substances.

Dans les Antilles, l’utilisation prolongée du chlordécone a laissé des traces indélébiles. Ce pesticide interdit depuis plusieurs décennies continue d’affecter les générations actuelles, avec une augmentation des troubles du développement et des cancers.

Inégalité frappante

Si tous les enfants sont vulnérables, certains le sont plus que d’autres. La crise climatique aggrave également les inégalités sociales. Les enfants issus de familles précaires sont les plus exposés à la pollution et manquent souvent d’accès à des espaces verts.

Le rapport sur des auditions d'experts et des entretiens avec 3 400 enfants âgés de 2 à 22 ans, révèle qu'une grande majorité de ceux vivant dans des quartiers défavorisés perçoivent l'accès à un air pur ou à des espaces naturels comme un luxe hors de portée. Cette déconnexion les prive des bienfaits essentiels que la nature apporte à leur santé physique, mentale et émotionnelle, exacerbant les inégalités déjà existantes.

Dangers immédiats

D’ici 2030, en France, environ 7 000 écoles maternelles seront exposées à des températures dépassant 35°C, transformant ces établissements en "bouilloires thermiques".

Dans les Antilles, cyclones et vagues de chaleur perturbent gravement l’éducation. Chaque année, ces phénomènes réduisent de 20 % les heures de classe, l’équivalent d’une année scolaire entière sur le cycle primaire.

Les incendies laissent derrière eux des sols imperméables. Lorsque des pluies intenses s’abattent sur ces zones, elles déclenchent des coulées de débris, particulièrement meurtrières dans les régions montagneuses. Ces impacts à long terme nécessitent une gestion proactive.

Pas assez écoutés comme les scientifiques !

Pour protéger les enfants, des mesures immédiates doivent être prises. Il est essentiel de réduire la pollution de l’air en piétonnisant les abords des écoles, ce qui pourrait réduire la pollution locale jusqu’à 30 %. Il faut également mettre en place des politiques ambitieuses pour limiter les émissions industrielles et automobiles.

Parallèlement, les infrastructures éducatives doivent être adaptées : la rénovation des écoles pour les rendre résistantes aux vagues de chaleur, en améliorant leur isolation et ventilation, est indispensable. De plus, il serait pertinent de réviser les calendriers scolaires en fonction des conditions climatiques spécifiques à chaque région.

La sensibilisation et l’écoute des enfants sont également cruciales. Ils doivent être inclus dans les débats environnementaux et écoutés, comme l’a souligné un jeune dans le rapport : "On est comme les scientifiques, pas assez écoutés." L’éducation climatique, dès le plus jeune âge, doit les préparer à devenir des acteurs du changement.

Sources : Rapport annuel sur les droits de l'enfant 2024 - Le droit des enfants à un environnement sain : protéger l’enfance, préserver l’avenir

À la une