La vague de chaleur d'avril en Méditerranée "quasi impossible" sans le réchauffement climatique !

C'est un constat très alarmiste dressé par une équipe de scientifiques internationaux : sans le réchauffement climatique actuel, la vague de chaleur exceptionnelle d'avril en Méditerranée occidentale n'aurait sans doute pas existé.

Vague de chaleur thermomètre températures
Le record de chaleur pour un mois d'avril en Europe continentale a été battu en Espagne avec 38,8°C relevés à Cordoue le 27 avril.

Espagne, Portugal, Maroc, Algérie : plusieurs pays de Méditerranée occidentale ont connu à la fin du mois d'avril une vague de chaleur historique, avec des températures caniculaires dépassant parfois de 20 degrés les normales de saison. Un rapport du World Weather Attribution (WWA), un réseau de scientifiques internationaux, a démontré dans une étude que cette "chaleur extrême" aurait été "quasi impossible" sans le réchauffement climatique actuel.

Une probabilité multipliée par... 100 !

36,9 degrés au Portugal, à Mora, 38,8 degrés en Espagne, à Cordoue, 41,3 degrés au Maroc, à Marrakech : des températures dignes d'un chaud mois de juillet relevées à la fin du mois d'avril, une "vague de chaleur exceptionnellement précoce", des anciens records mensuels battus parfois de plus de 6 degrés, la Méditerranée occidentale a suffoqué au mitan de ce printemps. La raison ? Une masse d'air chaud et sec venue d'Afrique du Nord qui s'est positionnée sur ces pays pendant quelques jours.

Une situation synoptique pas forcément exceptionnelle en soi, mais les valeurs relevées, elles, le sont ! Selon l'étude menée par ces scientifiques, c'est le réchauffement climatique provoqué par l'Homme qui a multiplié au moins par 100 la probabilité de cette vague de chaleur record. Un épisode "tellement extrême" que les chercheurs l'ont qualifié de "rare dans le contexte climatique actuel", et cela malgré la multiplication des canicules dans ces régions ces dernières années.

En fait, sans le réchauffement climatique actuel, les températures enregistrées fin avril au Maroc, en Espagne et au Portugal auraient été 3,5 degrés plus basses : des records auraient certes été battus, mais dans une moindre mesure. Et c'est là toute l'inquiétude : à l'avenir, les vagues de chaleur, annoncées de plus en plus fréquentes, risquent de s'avérer encore plus intenses, l'engrenage du réchauffement jouant à plein...

En Espagne, l'agriculture menacée

Alors que l'Espagne est considérée comme le "potager de l'Europe", la situation agricole est désormais catastrophique dans le pays, puisque cette vague de chaleur inédite est intervenue après plusieurs années de sécheresse historique : 60% des terres agricoles sont aujourd'hui jugées comme étant "asphyxiées" par le manque d'eau. En Catalogne, les réservoirs d'eau de pluie sont aux trois-quarts vides, et certains agriculteurs ont dû renoncer aux semis de printemps.

Alors que la Méditerranée est l'une des régions européennes les plus exposées aux conséquences du réchauffement climatique, les gouvernements vont sans doute devoir se concerter pour prendre des mesures concrètes ensemble et éviter ainsi un été critique. En effet, l'Espagne n'est pas le seul pays menacé, et en cas de grave épisode de canicule comme en 2003 ou 2022, certaines régions du Sud-Est de la France ne s'en sortiront pas forcément mieux, alors qu'elles connaissent elles-aussi une sécheresse historique...

À la une