La mer d'Aral pourrait-elle bientôt renaître de ses cendres ?

Selon un communiqué du gouvernement du Kazakhstan, la petite mer d'Aral a vu son volume d'eau augmenter ces dernières années, une lueur d'espoir pour cette mer intérieur quasiment disparue.

Mer d'Aral
Une très large partie de la mer d'Aral est aujourd'hui devenue un désert de sable et de sel, alors que cette étendue d'eau était encore le 4ème plus grand lac du monde il y a moins de 100 ans

Le Kazakhstan a récemment annoncé avoir réussi à rétablir une partie du volume d'eau de la mer d'Aral, une nouvelle encourageante pour une région marquée par l'un des plus grands désastres environnementaux de la planète.

Un étendue d'eau quasiment disparue

Située dans la partie basse de la dépression touranienne ou aralo-caspienne au milieu d'espace désertiques, la mer d'Aral est bordée par six pays, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan, le Turkménistan et l'Afghanistan. Il y a encore une soixantaine d'années, celle-ci formait la quatrième plus vaste étendue lacustre du monde avec une superficie de 66 458km².

Néanmoins, ce gigantesque lac salé s'est transformé durant la seconde moitié du 20ème siècle en un désert de sable et de sel. En effet, depuis 1960, la mer d'Aral a perdu 75% de sa surface, 14 mètres de profondeur et 90% de son volume, ce qui a entraîné une nette augmentation de sa salinité dans les quelques « poches » d'eau restantes.

Celle-ci s'est en effet divisée en deux en 1989 avec au Nord la « Petite mer d'Aral » et au Sud la « Grande mer d'Aral » avant que celle-ci ne se divise à son tour, sa partie orientale disparaissant presque totalement en 2014. Cet assèchement particulièrement impressionnant et surtout rapide a été provoqué par le détournement du Syr-Daria et de l'Amou-Daria, deux fleuves qui alimentaient autrefois cette mer en eau, pour la culture du coton et du riz sous l'Union soviétique.

Outre une modification radicale de l'environnement et des paysages de la région, l'assèchement de la mer d'Aral a engendré la disparition de nombreuses espèces animales, le nombre d'espèces de poissons passant de 32 à seulement 6 en quelques décennies, et a également quasiment mis fin aux activités humaines du secteur.

Une lueur d'espoir pour la mer d'Aral ?

Depuis 2008, avec le soutien de la Banque mondiale, le Kazakhstan tente de stabiliser le niveau de l'eau de la partie Nord de la mer d'Aral grâce à un barrage et ces efforts commencent enfin à porter leur fruit. En effet, ce lundi, le ministère kazakh des ressources hydriques a annoncé que le volume d'eau de la Petite mer d'Aral avait augmenté de 42%, atteignant 27 milliards de mètres cubes à l'issue de la première phase du projet visant préserver cette partie de la mer d'Aral.

Selon les autorités, ce sont quelques 2,6 milliards de mètres cubes d'eau du fleuve Syr-Daria qui ont été envoyés dans la Petite mer d'Aral en 2024, un apport d'eau douce qui a permis de diviser par presque quatre la salinité de l'eau, favorisant un retour très progressif de la vie aquatique sur cette mer quasiment disparue.

Une lueur d'espoir donc pour la partie Nord de la mer d'Aral, tant au niveau de la biodiversité qu'au niveau des activités humaines. En effet, la navigation et la pêche ont pu reprendre (de façon encore très limitée) sur ce secteur depuis 2018, bien que les experts aient cependant prévenu que la surpêche pourrait de nouveau mettre à mal cet écosystème en pleine restauration et ce montrant de ce fait très fragile.

Néanmoins, la partie Sud de la mer d'Aral semble bel et bien condamnée. Les modifications humaines pour l’irrigation, combinées au réchauffement climatique ont drastiquement réduit le débit des fleuve alimentant autrefois cette mer intérieure, aujourd'hui bien trop faible pour que la tendance s'inverse.

Ainsi, les 80 millions d'habitants des pays voisins doivent désormais se partager cette ressource en eau très limitée qu'est la petite mer d'Aral. Si sa restauration est en bonne voie à l'issue de la première phase entreprise il y a plus de 15 ans par le Kazakhstan, celle-ci reste encore fragile et il faudra encore attendre de nombreuses années pour que la partie Nord de la mer d'Aral renaisse véritablement de ses cendres.

Référence de l'article :

Mer d’Aral: le volume d’eau de la partie nord bondit de 42 % grâce à un projet ambitieux, Geo et AFP, 14 janvier 2025

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