La COP28 qui va se dérouler à Dubaï arrivera-t-elle à "sauver" les 1,5°C ?
La COP28 se veut être inclusive et accessible. Elle voudrait prioriser les solutions d'atténuation et améliorer le financement de l'adaptation. Elle aspire à faire progresser l'opérationnalisation du fonds pour les pertes et dommages crée durant la COP27 et assurer un accès équitable aux financements climatiques.
La COP28 se tiendra du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï ; elle est présidée par le Sultan Ahmed Al Jaber, PDG de la principale compagnie pétrolière émiratie, également ministre de l'Industrie et envoyé spécial pour le climat. Cette vingt-huitième édition de la COP se veut être accessible et inclusive : elle voudrait prioriser les solutions d'atténuation et améliorer le financement de l'adaptation.
Elle aspire à faire progresser l'opérationnalisation du fonds pour les pertes et dommages crée en Egypte durant la COP27 et à assurer un accès équitable aux financements climatiques : de belles ambitions qui n'attendent qu'à être réalisées.
Bilan mondial
La COP28 constitue un moment de vérité sur les avancées de l'Accord de Paris, grâce au bilan mondial. Le "bilan mondial" est un mécanisme de l'Accord de Paris, dont l'optique est de rehausser l'ambition des Etats en matière de politique climatique : c'est une grande première à cette COP.
Le GIEC nous a déjà fait savoir que les Etats ne sont pas alignés avec la trajectoire de 1,5°C ; ce bilan insistera sûrement sur ce fait, mais aussi, il contiendra des recommandations politiques qui devront être prises en compte par les Etats dans les prochains objectifs 2025.
Le Bilan mondial offre une opportunité unique pour agir sur tous les plans d'action climatique : il vise à ce que chaque Partie respecte sa part de responsabilité , connaisse sa prochaine direction et la vitesse à laquelle elle doit agir pour l'atteinte des objectifs de l'Accord de Paris.
Ainsi, la réalisation du bilan mondial doit évoquer et prendre en considération entre autres , une sortie juste et globale des énergies fossiles et le bon déploiement des énergies renouvelables. Il doit permettre la clarification du financement de l'adaptation et la fixation d'un nouvel objectif de finance climat à la hauteur des besoins et assurer que le financement des pertes et dommages soit effectif.
Pertes et dommages
La question de pertes et dommages ne date pas d'hier. L'expression fait référence aux dommages causés par le changement climatique dû à l'activité humaine qui ne pourront être évités malgré la réduction des émissions de GES mondial, ni surmontés par des efforts d'adaptation. C'est un enjeu majeur pour les pays les plus touchés et les plus vulnérables qui a mis plus de 30 ans pour enfin être entendus dans les négociations climatiques.
La prise en considération de ce sujet s'est accélérée ces dix dernières années : la COP19 en 2013 a permis la création du mécanisme international de Varsovie sur les pertes et dommages ; en 2015, un article a été dédié spécialement aux pertes et dommages dans l'Accord de Paris. En 2018, un dialogue sur le sujet a été engagé par les experts de Suva à Bonn ; en 2019, une décision sur la création du réseau de Santiago sur les pertes et dommages a été faite ; … et en 2022 , en Egypte, une décision historique à la COP27 marque le début de la victoire grâce à la création d'un fonds dédié aux pertes et dommages.
Cette fois-ci, il faut assurer que les Etats rendent opérationnel le Fonds, de la manière la plus ambitieuse possible ; il faut également obtenir un engagement des Etats à taxer les plus pollueurs, en particulier, les entreprises des énergies fossiles.
Finance climat
A la COP28 , la finance climat sera un sujet important. Les financements climat sont des fonds versés par les pays riches aux pays du sud pour les aider à faire face au changement climatique. En 2009 , les pays riches se sont engagés à verser annuellement 100 milliard de dollars US, un engagement qui n'a toujours pas été respecté parce qu'il a été excessivement très en-dessous des besoins réels et alloués sous-forme de prêts.
Après le Sommet pour un Nouveau Pacte financier, les attentes sont fortes en matière d'augmentation et de réforme des financements climat. La COP28 constituerait un espoir et connaitrait un succès sur ce sujet si elle arrive à faire en sorte que les pays riches fournissent des garanties de l'atteinte des 100 milliards de dollar US, et que les Parties puissent tracer une trajectoire réaliste sur les financements pour l'adaptation d'ici 2025, comme promis à la COP26.
Biodiversité
La biodiversité s'est progressivement invitée aux COP climat. En effet, le congrès de la nature à Marseille, la COP26, la COP27 reconnaissent le lien étroit entre "climat et biodiversité".
La nature qui constitue une alliée indispensable dans la lutte contre le changement climatique se trouve menacée: si durant ces dix dernières années, la nature a absorbé 54% des émissions anthropiques de dioxyde de carbone, on observe une chute de près de 70% des populations de vertébrés depuis 1970 (oiseaux , mammifères , reptiles).
La COP28 sera d'une grande aide dans la préservation de la biodiversité si elle arrive à dépasser le constat et à avancer sur l'accord mondial sur la biodiversité adopté à Montréal en 2022, et à passer à l'action.