La biodiversité marine en haute mer enfin protégée ?
Après plus de 15 années de discussions, les pays membres des Nations Unis ont enfin conclu un traité visant à protéger la biodiversité dans les eaux internationales. Une décision qui devrait mettre un terme au « flou juridique » entourant les activités humaines en pleine mer.
« Cet accord est une victoire pour le multilatéralisme et pour les efforts mondiaux visant à contrer les tendances destructrices auxquelles est confrontée la santé des océans, maintenant et pour les générations à venir », a déclaré António Guterres, le secrétaire général de l’ONU à l’issu de la conclusion de l'accord à New York, le samedi 4 mars.
Après plus de quinze années de négociations, les gouvernements se sont enfin mis d’accord sur le premier traité international de protection de la haute mer, destiné à protéger la biodiversité marine et assurer un développement durable des ressources en pleine mer. En quoi cela consiste-t-il et pourquoi était-il si urgent de se mettre d’accord sur un traité ? Éléments de réponse.
La haute mer, "poumon bleu" de la Terre
La haute mer (ou pleine mer) débute à partir de 370 kilomètres (200 milles) des côtes. Il s’agit donc de tous les eaux internationales au-delà des espaces maritimes protégés d’un pays (les ZEE : zones économiques exclusives). La haute mer représente 64% des océans du globe et 90% de leur volume.
Jusqu’à présent, ces espaces sont caractérisés par un régime juridique dit de « liberté ». Autrement dit, il s’agit aussi bien de la liberté de pêche, que de la liberté de recherche, de vol et de survol. Et ces zones sont de plus en plus convoitées par les Hommes.
Concernant la pêche par exemple, le manque de poissons récurrent près des côtes pose la question d’aller de plus en plus loin, jusque dans ces fameuses zones non réglementées.
Or la haute mer est un réservoir de biodiversité et aussi un élément indispensable à la vie sur Terre. Ce volume qui représente près de 90% des océans génère 50% de l'oxygène que nous respirons et absorbe 25% du CO2 (gaz carbonique) provenant des activités humaines. Le réchauffement et l'acidification qui résultent de ces émissions sont justement en train de l'affaiblir. Il était donc urgent de réglementer les activités en son sein pour le protéger.
Un pas en avant avec l'adoption du traité
Concrètement, ce "Traité de la haute mer", qui entrera en vigueur après avoir été formellement adopté, placerait 30% des océans du monde dans des zones protégées, contre seulement 1% à l'heure actuelle.
Le traité implique également des crédits financiers à destination de la conservation marine, couvre l'accès à l'utilisation de ressources génétiques marines qui pourraient être déterminantes dans le domaine scientifique et rend obligatoire la réalisation d'études d'impact environnementales sur les activités envisagées en haute mer.
La question des retombées financières de l'exploitation des ressources génétiques marines a cristallisé les débats jusqu'au dernier moment entre les pays dits du "Nord" et du "Sud". Finalement, un compromis "juste et équitable des bénéfices de découvertes faites dans les océans" a été trouvé, souligne dans un communiqué le Ministère français de la Transition Écologique. l'Union européenne s'est notamment engagée à débloquer des fonds en ce sens.
Pour conclure, l'ambassadrice de l'ONU et présidente de la Conférence, Rena Lee, a souligné le soutien essentiel des organisations non gouvernementales, de la société civile, des institutions universitaires et de la communauté scientifique. Une coopération qui signe l'aboutissement de près de deux décennies de pourparlers qui ont débuté en 2004, et un traité qui marque un pas en avant dans la protection de la biodiversité.