L'OMM très inquiète : le phénomène El Niño faiblit mais son influence persiste ! Vers une année 2024 record ?
Considéré comme l'un des phénomènes les plus violents de l'histoire, El Niño a redéfini les normes climatiques et a mis en lumière l'impact incontestable du changement climatique d'origine humaine.
L'année 2023 a été marquée par des températures mondiales élevées sans précédent, rappelant que la chaleur d'El Niño n'est qu'un élément d'un puzzle bien plus vaste.
Parmi les 5 plus puissants !
Le phénomène El Niño, qui a atteint son apogée en décembre dernier, se classe parmi les cinq plus puissants jamais enregistrés. Le dernier rapport de l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) indique qu'il y a environ 60 % de chances qu'El Niño persiste de mars à mai, et 80 % de chances de conditions neutres (ni El Niño, ni La Niña) d'avril à juin.
Il existe une possibilité que La Niña se développe plus tard dans l'année, mais les probabilités sont actuellement incertaines.
El Niño et changement climatique
El Niño se produit en moyenne tous les deux à sept ans et dure généralement de neuf à douze mois. Il s'agit d'un phénomène climatique naturel associé au réchauffement de la surface de l'océan dans le Pacifique tropical central et oriental. Il influence les modèles météorologiques et de tempêtes dans différentes parties du monde, mais survient dans un contexte de changement climatique d'origine anthropique.
Celeste Saulo poursuit en expliquant que les températures de surface de l'océan dans le Pacifique équatorial sont clairement influencées par El Niño. Cependant, les températures de surface de la mer dans d'autres régions du monde restent élevées de façon persistante et inhabituelle depuis les 10 derniers mois. Notamment, la température de surface de la mer en janvier 2024 a été la plus élevée jamais enregistrée pour ce mois. Ces observations suscitent des inquiétudes et ne peuvent pas être entièrement expliquées par l'impact d'El Niño.
Conséquences et prévisions
Cette année, alors que le phénomène El Niño s'affaiblit graduellement, ses répercussions sur le climat mondial perdureront dans les mois à venir, alimentant la chaleur piégée par les gaz à effet de serre provenant des activités humaines.
Les températures de surface de la mer, prévues au-dessus de la normale sur de vastes étendues océaniques contribueront à entrainer des températures au-dessus de la normale sur presque toutes les régions terrestres au cours des trois prochains mois. Cette tendance affectera également les modèles de précipitations régionaux.
Vers une année 2024 record ?
Le récent épisode El Niño, amorcé en juin 2023, a culminé entre novembre et janvier, enregistrant une valeur maximale d'environ 2,0°C au-dessus de la moyenne de la température de surface de la mer de 1991 à 2020 dans le Pacifique tropical central et oriental. Bien qu'il figure parmi les cinq évènements El Niño les plus intenses jamais enregistrés, il reste moins puissant que ceux de 1997/98 et 2015/2016. Les signes précurseurs laissent entrevoir une année 2024 qui pourrait se démarquer sur le plan climatique.
El Niño, est essentiellement un phénomène climatique saisonnier qui modifie les moyennes climatiques saisonnières, mais il peut également accroître la probabilité d'événements météorologiques et climatiques extrêmes dans certaines régions. Pendant les périodes d' El Niño et de La Niña, les prévisions saisonnières gagnent en précision, en particulier dans les tropiques.
Ceci souligne l'importance capitale des alertes précoces dans l'aide à la prise de décision, ainsi que dans le renforcement de la préparation et de l'action préventive.
Mise à jour climatique saisonnière mondiale
L'OMM élargit ses services d'alerte climatique en intégrant désormais les données d'autres phénomènes climatiques tels que l'oscillation nord-atlantique, l'oscillation arctique et le dipôle de l'Océan Indien aux mises à jour traditionnelles de l'Oscillation Australe El Niño (ENSO).
Les prévisions climatiques saisonnières mondiales indiquent des températures supérieures à la normale dans la plupart de l'hémisphère nord et certaines parties de l'hémisphère sud pour les trois prochains mois (mars à mai), avec des schémas de précipitations similaires à ceux observés lors des périodes d'El Niño. Ces prévisions suggèrent une augmentation des précipitations dans certaines régions, augmentant le risque d'inondations, tandis que d'autres pourraient souffrir de sécheresses sévères.
Ces mises à jour, intégrées à l'initiative Early Warning for All, reposent sur les prévisions des centres mondiaux de production de prévisions à long terme de l'OMM et visent à aider les gouvernements, les Nations Unies, les agences humanitaires et les décideurs à prendre des mesures préventives pour protéger les populations et les biens.
Les services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) surveilleront étroitement la situation dans les prochains mois, fournissant des mises à jour régulières sur la dissipation d'El Niño et le possible développement de La Niña. Il convient toutefois de noter que l'incertitude demeure plus élevée dans les prévisions à long terme pendant le printemps et le début de l'été.