L'intelligence artificielle a-t-elle bien prévu l'évolution de l'ouragan Béryl ?

La prévision météorologique est en train d'être révolutionnée par l'intelligence artificielle. Toutefois, l'utilisation de l'IA pour les prévisions météo est en phase de test et celle-ci observe encore quelques ratés, notamment pour l'anticipation des phénomènes météo extrêmes.

Béryl : un ouragan hors-norme mal anticipé par les modèles traditionnels

L'ouragan Béryl, ayant circulé du large des Antilles jusqu'au Texas entre la fin du mois de juin et la fin de la première décade du mois de juillet fut un phénomène météorologique exceptionnel. En effet, il fut l'ouragan de catégorie 5 le plus précoce jamais enregistré sur le bassin Atlantique Nord, celui-ci ayant subit une intensification explosive défiant tous les moyens de prévisions météo traditionnels.

Si celui-ci était effectivement prévu de s'intensifier autour des Antilles, profitant d'eaux de surface exceptionnellement chaudes pour la période, aucun modèle de prévision n'avait anticipé que son intensification serait aussi rapide et surtout que celui-ci atteindrait une telle intensité. Ce phénomène n'avait en effet jamais été observé aussi tôt dans la saison.

Outre son intensification explosive, c'est également sa trajectoire qui a été mal anticipée par les modèles de prévisions météorologiques, notamment en ce qui concerne son impact sur l'État du Texas le 8 juillet dernier. Si cette trajectoire a été affinée au fil des jours, aucun modèle de prévision traditionnel n'envisageait d'impact sur le Texas au 1er juillet, soit une semaine avant, la plupart voyant le cyclone remonter bien plus au Nord.

Les modèles de prévision classiques, utilisés depuis de nombreuses années ont donc eu du mal à anticiper l'évolution de ce système hors-norme entre l'Atlantique, la mer des Caraïbes puis le Golfe du Mexique, que ce soit sont intensification mais également sa trajectoire. L'intelligence artificielle aurait donc eu une carte à jouer dans ce domaine, de plus en plus de modèles se basant sur l'IA étant développés ces derniers mois.

L'IA a-t-elle été plus efficace ?

Autant ne pas faire durer le suspense plus longtemps, l'IA ne s'est pas non plus véritablement démarquée dans la prévision de l'évolution de l'ouragan Béryl, tant au niveau de son net regain d'intensité que de sa trajectoire. Néanmoins, certains modèles ont montré des signaux prometteurs.

C'est notamment le cas du modèle Graphcast, développé par DeepMind, un laboratoire anglo-américain spécialisé dans la recherche sur l'intelligence artificielle. Celui-ci est en effet le modèle de prévision issu de l'IA ayant livré les meilleures prévisions sur la trajectoire de Béryl tout au long de son évolution.

Cette application est basée sur le Deep Learning et propose des prévisions globales à court et moyen terme sur l'ensemble du globe. Selon ses développeurs, c'est aujourd'hui le système de prévision météorologique mondiale sur 10 jours le plus précis au monde, ayant surpassé les modèles traditionnels de prévision dans 90% des cas lors de sa phase de test.

Les prévisions de l'ouragan Béryl par ce modèle, si elles se sont montrées sensiblement meilleures que les autres, sont toutefois restées relativement peu efficaces. Les chercheurs expliquent cet écart avec la réalité par le fait que l'IA ne fonctionne pas encore très bien pour les événements météorologiques extrêmes comme Béryl.

L'intelligence artificielle est en effet plus efficace lorsqu'elle reconnaît des situations sur lesquelles elle s'est entraînée et Béryl fut un ouragan unique de part sa précocité et son intensité, sans précédent depuis le début des relevés météorologiques. Toutefois, il est important de noter que l'IA offre des résultats de plus en plus probants pour des conditions météo plus classiques, ce qui pourrait à terme révolutionner le domaine de la prévision météo globale. Des ajustements seront néanmoins encore nécessaires à l'avenir pour mieux prévoir l'évolution des phénomènes extrêmes similaires à l'ouragan Béryl.