L’incroyable parcours du nuage de sable depuis le désert du Sahara !
Après un week-end dominé par des pluies parfois copieuses et même un épisode cévenol, ce début de semaine a été marqué par un changement de temps avec la mise en place d’un vent de sud et le fameux sirocco. Celui-ci fait remonter sur la France depuis mardi un important nuage de sable en provenance du Sahara.
Vous en avez forcément vu passer ces dernières heures : des photos et des vidéos ont été publiées par milliers sur les réseaux sociaux montrant des ciels assombris aux couleurs atypiques orangée, ocre ou encore sépia. La raison de cette ambiance aussi étrange qu’étonnante : une tempête de sable a touché le Maroc et l’Algérie ces derniers jours puis avec la mise en place d’un flux de secteur sud, ces poussières présentes en altitude ont voyagé jusqu’en France pour donner le résultat que l’on connaît. Et ce n’est pas fini…
Baisse de luminosité, pollution de l’air et fonte de la neige
La première conséquence du passage de ce nuage au-dessus de la France a été le changement de couleur du ciel qui a alors revêtu une teinte jaune ou orange pour le moins déroutante. De plus, avec la forte concentration en particules de sable, un voile opaque s’est formé, réduisant fortement l’intensité lumineuse du soleil. Le rayonnement solaire n’a ainsi pas dépassé 250 W/m² mardi après-midi de la Vendée aux régions centrales alors que la Bretagne située à l’écart de ce panache de sable, le rayonnement dépassait les 700 W/m² et ce, même avec la présence de quelques passages nuageux !
Si la présence de ces poussières sahariennes peut paraître anecdotique au premier abord, il n’en est rien car ces grains de sable sont considérés comme des particules fines, dans la catégorie des PM10 que nous évoquons régulièrement en hiver lors des épisodes de pollution atmosphérique. Lorsqu’ils sont présents en nombre, ils peuvent donc dégrader la qualité de l’air. Ce fut déjà le cas près des Pyrénées ce mardi. La situation continuera de se dégrader mercredi avec toutes les régions de l’ouest concernées, ainsi que les Alpes.
Les seuils d’alerte seront même dépassés ces prochaines heures entre le Pays Basque et le Béarn. Par arrêté préfectoral, la vitesse maximale est ainsi abaissée de 20 km/h sur les axes principaux ainsi que dans les agglomérations de Pau et de Bayonne. De plus, les personnes vulnérables sont invitées à reporter leurs déplacements sur les grands axes et à limiter leur activité physique en extérieur.
Autre conséquence et pas des moindres, le manteau neigeux va souffrir avec le dépôt de la pellicule de sable qui était notamment visible sur l’ouest des Pyrénées, dans des stations comme Piau-Engaly, Gourette ou encore Cauterets. La couleur brune du sable sur la neige va en effet réduire l’effet d’albédo, c'est-à-dire le pouvoir réfléchissant de la neige qui lui permet de se maintenir face au rayonnement solaire. Les couleurs foncées absorbant davantage le rayonnement solaire, la température du sol sera alors plus élevée et provoquera une fonte du manteau neigeux.
Près de 3000 km parcourus par les poussières
Si le survol d’un nuage de sable saharien n’est pas inédit en France, le dernier s’étant produit le 6 février 2021, celui-ci fait davantage parler car la concentration en poussières et particulièrement élevée. Le nuage est aussi très étendu, depuis le Sahara jusqu’au sud de l’Allemagne, en passant par la Suisse, la France, l’Espagne et le Portugal. Il aura ainsi parcouru près de 3000 km dans un flux de sud-est lundi puis de sud à sud-ouest depuis ce mardi.
La concentration en sable demeurera tout aussi importante ce mercredi de l’ouest jusqu’au nord-est mais en l’absence de précipitations, les retombées du sable au sol seront nettement plus discrètes. Il faudra patienter jusqu’à jeudi et surtout vendredi quand, avec la levée d’un petit vent de nord-est, le nuage de poussières se dissipera progressivement… Jusqu’au prochain épisode qui pourrait bien se produire dès la semaine prochaine !