L'hiver est-il voué à disparaître en France ?
Selon une récente étude, le nombre de journées de froid (température minimale inférieure à 0°C) en hiver est en nette diminution dans l'hémisphère Nord, notamment en Europe.
L'hiver semble peu à peu disparaître dans l'hémisphère Nord et notamment en Europe, c'est en tout cas ce que rapporte une récente étude de l'organisme américain Climate Central.
Des températures de moins en moins froides en hiver
L'organisme Climate Central a étudié l'évolution des températures minimales quotidiennes pendant l'hiver (décembre, janvier, février) dans 123 pays et plus de 900 villes durant la période 2014-2023 afin de voir si le changement climatique engendrait effectivement une diminution des journées dites « hivernales », autrement dit des journées où la température descend sous 0°C, sur l'hémisphère Nord.
Les résultats de cette étude sont loin d'être rassurants pour les amoureux du froid. Ceux-ci ont en effet montré que plus d'un tiers des pays étudiés (44) avaient perdu au moins une semaine de températures négatives en hiver au cours de la dernière décennie en raison du réchauffement climatique d'origine anthropique.
D'après les scientifiques en charge de ces recherches, c'est en Asie et en Europe que la disparition de l'hiver est la plus importante ces dernières années, un résultat qui n'est pas vraiment surprenant en sachant que ces deux régions du monde se réchauffent deux fois plus vite que le reste de la planète.
C'est notamment sur l'Europe Centrale que l'augmentation des températures minimales hivernales est la plus importante. Certains pays comme l'Allemagne, la Pologne, la Belgique et la République Tchèque ont en effet perdu plus de deux semaines de journées de gel durant la période 2014-2023. Le Danemark, l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont quand à eux perdu 3 semaines de journées d'hiver.
Qu'en est-il en France ?
Selon cette étude, la France a connu au moins 10 journées supplémentaires sans températures négatives au cours de la décennie 2014-2023. Néanmoins, des disparités régionales plus ou moins importantes sont visibles.
C'est en effet la région Grand Est qui a perdu le plus de journées avec des températures minimales descendant sous 0°C ces dernières années, se comptant au nombre de 14 selon l'étude en question. Les Hauts-de-France arrivent en seconde position avec 13 journées supplémentaires sans gel durant l'hiver, suivis par la région Bourgogne-Franche-Comté et la région Auvergne-Rhône-Alpes, ex-æquo avec 12 journées hivernales sans gel supplémentaires durant la dernière décennie.
À l'inverse, c'est en Bretagne (5 jours) et en Corse (2 jours) que l'augmentation de journées sans gel est la plus faible, tout simplement car ces régions connaissent depuis toujours moins de journées froides durant l'hiver en raison de l'influence de l'Atlantique pour la Bretagne, et de la Méditerranée pour la Corse.
Ainsi, cette étude met en évidence l'augmentation de plus en plus importante des températures hivernales sur notre pays. Les régions du Centre et de l'Est du pays, au climat habituellement froid durant la période hivernale, voient en effet leur nombre de journées avec gel diminuer de plus en plus rapidement ces dernières années.
Quelles conséquences ?
Cette diminution de journées froides en hiver sur l'hémisphère Nord et plus particulièrement du côté de l'Europe signifie également que les journées neigeuses se montrent de plus en plus rares. Les modèles climatiques estiment en effet que la couverture de neige de l'hémisphère Nord va disparaître à un rythme de 8% par degré de réchauffement gagné à l'avenir.
Cependant, plus l'air se réchauffe, plus celui-ci peut contenir de l'humidité, de l'ordre de 7% d'humidité supplémentaire par degré de réchauffement. Ainsi, les précipitations tomberont à l'avenir davantage sous forme de pluie que de neige durant la période hivernale.
Une tendance qui a de nombreuses conséquences. Moins de neige signifie des réserves en eau moins importantes, affectant la production agricole et accentuant le risque de sécheresses estivales. Également, la disparition de l'hiver augmente le risque d'allergies au printemps, dérègle le cycle de vie des plantes, des animaux et des insectes ou encore permet aux tiques et aux moustiques de résister plus facilement à la saison froide, accentuant notamment le risque de transmission de maladies.
Référence de l'article :
Lost Winter: Above-freezing days added by climate change, Climate Central, Décembre 2024