Jeux Olympiques de Paris : les experts s'alarment de la quantité de glace utilisée pour la "récupération" des athlètes !

Constatant le nombre de tonnes de glace apportées et potentiellement gaspillées aux Jeux Olympiques, des chercheurs se sont réunis pour publier un article d'opinion en médecine du sport sur ces chiffres, critiquant les perceptions populaires concernant l'utilisation de la glace et des traitements par le froid pour aider les athlètes à récupérer.

La glace est souvent considérée comme un "remède de choix" pour les blessures sportives, mais elle pourrait ne pas être une solution de récupération à long terme.
La glace est souvent considérée comme un "remède de choix" pour les blessures sportives, mais elle pourrait ne pas être une solution de récupération à long terme.

Des scientifiques ont publié un article d'opinion dans le British Journal of Sports Medicine affirmant que la quantité de glace utilisée lors des Jeux Olympiques d'été a atteint des niveaux "extraordinaires".

À première vue, la glace peut sembler relativement inoffensive. Cependant, en période estivale, sa production, son stockage et son transport sont énergivores et coûteux. De plus, les grandes quantités d'eau nécessaires ne sont "pas bonnes" pour la planète, selon eux.

"L'utilisation de glace lors des Jeux Olympiques d'été a atteint des niveaux extraordinaires, pouvant mettre à rude épreuve les ressources locales et régionales", ont-ils écrit.

Utilisation de la glace aux Jeux Olympiques

Cette suggestion est basée sur des données antérieures. Environ 22 tonnes de glace ont été livrées pour les Jeux Olympiques d'été de Tokyo en 2020 à des fins "médicales". Un supplément de 42 tonnes a été fourni aux résidences du Village Olympique. Cela a été en partie fourni par des machines distributrices de glace. Le volume de glace finalement gaspillé reste inconnu. Étant donné que la glace fond en eau, il devient plus difficile de quantifier les pertes.

La situation ne s'est pas améliorée les années suivantes. Pour les jeux de Paris, les auteurs ont déclaré : « La première estimation faite par Paris 2024, basée sur les demandes initiales présentées par les Fédérations Internationales, était de 1624 tonnes de glace, pour un coût de 2,5 millions d'euros. Aucun fournisseur indépendant n'a pu répondre à l'appel d'offres public. Par la suite, cette estimation a été réduite à 650 tonnes (450 pour les Jeux Olympiques et 200 pour les Paralympiques) », écrivent-ils.

Thérapie par le froid : besoin de données et de compréhension

L'une des raisons pour lesquelles la glace est si populaire aux Jeux est son utilisation par les athlètes et leurs équipes pour gérer les blessures, les zones douloureuses, les maladies, ou simplement pour accélérer la récupération. Cela peut inclure l'application de packs de glace, de pompes de compression, ou même des bains de glace et autres formes d'immersion froide.

Cependant, de nombreux bienfaits perçus de la glace et de l'immersion dans l'eau froide ne sont pas fortement soutenus par des preuves scientifiques. Les auteurs soulignent : "Outre les défis logistiques liés à la production, au transport et au stockage, la glace est souvent utilisée pour obtenir des bénéfices non prouvés par des preuves. Plus important encore, la glace pourrait avoir l'effet inverse de celui attendu, comme retarder la régénération des tissus ou altérer la récupération."

Certaines données montrent que l'immersion dans l'eau froide soutient la puissance musculaire et la perception de la récupération, plutôt que la récupération réelle, comparativement aux effets du massage sportif ou des thérapies contrastées chaud/froid.

Il est cependant nécessaire d'obtenir plus d'informations sur ce débat, car ces données sont « regroupées », ce qui signifie que les données sont sélectionnées pour appuyer un argument.

Le refroidissement peut réduire les adaptations de la force au fil du temps.

D'autres preuves contredisent les idées selon lesquelles le froid soutient la récupération, montrant que le refroidissement réduit les adaptations de force à long terme et peut même nuire à la performance après l'exercice. Il n'a pas non plus été démontré que le froid est efficace pour traiter les blessures des tissus mous, car il y a peu de preuves actuellement disponibles pour soutenir cela.

Les auteurs concluent : "La communauté de la médecine du sport et de l'exercice a besoin de meilleures données sur la quantité réelle de glace consommée lors des grands événements sportifs, à quelles fins, et à quels coûts financiers et environnementaux."

"Lors de la planification de la provision de glace, les organisateurs devraient viser à minimiser l'utilisation de pratiques non basées sur des preuves et promouvoir une meilleure durabilité. La glace devrait toutefois rester disponible pour certaines situations, y compris le soulagement de la douleur aiguë, les besoins spécifiques de récupération et la gestion des coups de chaleur d'effort."

Utilisation bénéfique de l'eau froide

Les experts reconnaissent que l'immersion dans l'eau froide peut aider à un soulagement rapide de l'épuisement par la chaleur après l'exercice par temps chaud. Le froid aide également à soulager les douleurs musculaires après des périodes prolongées d'exercice, même lorsque les températures sont moyennes.

Après quelques jours d'entraînement, l'application de glace peut aider à soulager rapidement les douleurs musculaires. Cela ne signifie pas qu'il s'agit d'une solution de récupération à long terme après des périodes d'entraînement intensif ou de résistance, ni d'une solution de récupération à long terme.

Les auteurs ont mis en lumière la quantité de glace apportée chaque année aux Jeux Olympiques et potentiellement gaspillée. Bien que la glace puisse sembler aider à un soulagement immédiat, ce n'est pas une stratégie recommandée après un entraînement intensif ou un exercice, ni pour une récupération à long terme, en particulier pour les blessures tissulaires.

Il convient de noter qu'il s'agit d'un article d'opinion, manquant de l'analyse rigoureuse des articles de recherche, donc ces points devraient être étudiés plus avant. Plus de recherches sont nécessaires pour comprendre les véritables effets du froid et de la glace sur notre corps.

Référence de l'article :

Racinais S, Ihsan M, Grant M, et alIce challenge in recent summer olympic gamesBritish Journal of Sports Medicine Published Online First: 25 July 2024. DOI: 10.1136/bjsports-2024-108664

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