Intempéries : vers une année désastreuse pour les agriculteurs français ?

Après plusieurs années de sécheresses, c'est maintenant la pluie qui pose de nombreux problèmes aux agriculteurs, la plupart de leur récoltes étant durement touchées par les intempéries.

Champ
Les sols gorgés d'eau n'absorbent plus les pluies sur la majorité du pays, inondant les champs et impactant durement les agriculteurs

Les pluies intenses et successives concernant la France depuis maintenant 1 an affectent fortement les récoltes des agriculteurs français, qui subissent des pertes importantes depuis maintenant plusieurs mois.

Toujours plus de pluie

Si les années précédentes avaient été marquées par une sécheresse notable sur une large partie de la France, la tendance s'est nettement inversée depuis le mois d'octobre 2023. Depuis maintenant 1 an, la France est concernée par une succession de perturbations actives engendrant des pluies parfois diluviennes et de nombreuses inondations sur une large partie du pays.

Ces pluies sont telles que de nombreux secteurs avaient déjà dépassé leur moyenne annuelle de précipitation à la fin du mois de septembre dernier, comme à Nice où on relevait plus de 850mm pour une moyenne de 791mm, Paris avec 660mm pour une moyenne de 634mm ou encore Le Mans où on relevait 761mm à la fin du mois de septembre pour une moyenne annuelle de 693mm. Au 15 octobre, l'année 2024 est d'ailleurs la plus pluvieuse depuis le début des relevés météorologiques en France.

Alors que le mois de septembre fut le plus pluvieux sur notre pays depuis 1999, le cumul moyen à l'échelle nationale dépassant de +60% la normale 1991-2020, la première quinzaine de ce mois d'octobre 2024 a continué sur la même lancée. Le passage de l'ex-ouragan Kirk a par exemple engendré l'une des journées les plus pluvieuses jamais observées sur la moitié Nord du pays avec des cumuls parfois inédits sur certaines stations et de nouvelles inondations majeures, notamment entre la Seine-et-Marne et le Loir-et-Cher.

Le Sud-Est est également concerné cette semaine par un nouvel épisode pluvio-orageux majeur cette semaine avec des cumuls dépassant les 500-600mm voire 700mm près des Cévennes, parfois plus de 200mm sur la Côte d'Azur, des secteurs déjà très régulièrement touchés par de fortes précipitations ces derniers mois.

Des pluies loin d'être bénéfiques pour les agriculteurs

Si ces pluies sont une bonne nouvelle pour nos réserves en eau souterraine, celles-ci retrouvant des niveaux bien au-dessus de la normale sur les ¾ du pays, elles ont également des conséquences bien plus néfastes. En effet, les sols sont gorgés d'eau sur la majorité du pays, ce qui, outre les inondations, pose de gros problèmes pour le secteur agricole.

Ces sols gorgés d'eau, souvent inondés affectent en effet grandement les agriculteurs ces derniers mois. Ceux-ci sont par exemple à la fois dans une période de semis et de récoltes, sauf que les sols inondés les font rapidement pourrir, une situation qui se répète depuis le début de l'année 2024. Par exemple, seul 6% des maïs ont été récoltés cette année contre 40% en temps normal.

Ainsi, de nombreux agriculteurs français risquent d'être privés potentiellement d'une saison entière de revenus en raison de ces pluies successives, alors même que bon nombre d'entre eux ont déjà été fortement touchés par les sécheresses successives de ces dernières années. L'aléa climatique et les pertes sont telles que le risque entier n'est plus assurable selon les spécialistes.

En effet, une assurance ne peut aujourd'hui plus couvrir l'entièreté des pertes d'une récolte selon l'économiste de l'eau Esther Crauser-Delbourg. Les experts s'inquiètent également du fait que le fond Barnier, créé en 1995 par le ministre de l'Environnement, puisse ne plus suffire à dédommager une majorité des agriculteurs français, tout comme bon nombre de citoyens affectés par ces intempéries.

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