Insolite : produire de l'électricité en s'inspirant... du mouvement des poissons !
Les chercheurs ont décidément de l'imagination : près de Lyon, un projet incroyable est en train de voir le jour, pour produire de l'électricité grâce à la nature, ou presque. Une première mondiale, basée sur des hydroliennes imitant le mouvement ondulatoire des poissons...
Alors que l'avenir de notre production d'électricité passe sans aucun doute par un accroissement de la part des énergies renouvelables dans notre mix énergétique, un projet fou a vu le jour près de Lyon : des chercheurs sont en train de tester une nouvelle méthode pour produire de l'électricité, en imitant... le mouvement des poissons ! Une première mondiale, dont voici le fonctionnement.
Des hydroliennes "biomimétiques"
C'est dans la ville de Caluire-et-Cuire (42.000 habitants), située près de Lyon, que va bientôt avoir lieu cette expérience étonnante. A la fin de ce mois de juin, 4 hydroliennes "biomimétiques", c'est-à-dire à membrane ondulante, vont être implantées dans l'eau du Rhône. La particularité de ces machines, c'est qu'elles ne disposent pas de turbines, mais qu'elles reproduisent l'ondulation des poissons pour créer de l'électricité !
Si les chercheurs ont choisi cette ville, c'est parce qu'il s'agit du berceau français de l'énergie hydraulique. C'est en effet là-bas qu'a été implantée en 2018 la première "ferme à hydroliennes du monde", avec des turbines utilisant l'énergie cinétique des courants marins ou fluviaux pour produire de l'électricité, sur le modèle des éoliennes (qui elles, utilisent l'énergie du vent).
Ce nouveau projet, qui est donc encore une fois une première mondiale, sera mené par la société EEL Energy, basée à Boulogne-sur-Mer. Cette entreprise a été autorisée par les Voix navigables de France à investir les eaux du Rhône. Si les résultats sont concluants, les hydroliennes "biomimétiques" pourraient être une grande avancée dans le domaine des énergies renouvelables.
Une structure flottante, à contre-courant
Sur terre, il est aisé de comprendre qu'un système d'hélice actionnée par le vent fonctionne bien. En revanche, sous l'eau, dans un univers très dense, un tel procédé n'existe pas naturellement. Et pourtant, certaines espèces de poissons comme le marlin bleu et l'espadon se déplacent dans ce même univers à une vitesse folle de 110 km/h. Leur secret ? L'ondulation, et c'est cette technique que vont utiliser les scientifiques, comme l'a expliqué à nos confrères de 20 Minutes Franck Sylvain, le directeur général de EEL Energy.
L'hydrolienne prendra la forme d'une structure flottante qui circulera à contre-courant, sur laquelle sera attachée à l'arrière une membrane flottante elle-aussi, semblable à la queue d'une baleine ou d'un dauphin. Un mât "qui monte et qui descend" sera fixée sur la membrane, de manière à ce qu'elle ondule comme le font les poissons grâce à leur queue et leurs nageoires. Ensuite, c'est un système électromécanique qui transformera ces mouvements en électricité : avec la puissance du courant fluvial, ces nouvelles hydroliennes biomimétiques pourraient ainsi produire environ 400 MWh d'électricité par an !