Insolite : pourquoi les grenouilles de Porto Rico coassent de plus en plus fort ?
Que se passe-t-il à Porto Rico ? Alors que les grenouilles "coqui" semblaient profiter d'une vie paisible, leur coassement devient de plus en plus intense... Un changement provoqué par le réchauffement climatique et qui, à terme, pourrait menacer toute l'espèce !
Les scientifiques sont très inquiets : à Porto Rico, les grenouilles "coqui" ont tendance à coasser de plus en plus fort. Selon eux, c'est le changement climatique et la hausse des températures qui seraient responsables de ce phénomène, pouvant à terme menacer la survie de toute l'espèce.
Une espèce invasive
Porto Rico, c'est cette île magnifique située dans l'archipel des Caraïbes, entre le Tropique du Cancer et l'équateur. C'est un Etat libre, mais au territoire rattaché aux Etats-Unis. A l'Est, les îles Vierges ; à l'Ouest, la République Dominicaine. Et c'est donc à Porto Rico que vit une espèce de grenouilles très invasive, la grenouille "coqui", qui mesure à peine 3 centimètres de long. Comme toutes les grenouilles, la grenouille coqui coasse.
Leur tout petit cri, le coassement, ressemble au cri d'un oiseau, même si cela n'a pour autant rien à voir avec le croassement du corbeau. Ce sont surtout les grenouilles coqui mâles qui coassent, à la fois pour attirer les femelles mais aussi pour marquer leur territoire et se faire entendre de leurs ennemis : c'est la loi du plus fort, ou plutôt de celui qui crie le plus fort. Justement, quel ne fut pas l'étonnement des spécialistes lorsqu'ils ont repéré que ces grenouilles avaient tendance à coasser beaucoup plus fort que d'habitude, comme l'a rapporté au Guardian le chercheur Sebastiaan Meenderink.
La morphologie s'adapte, mais à quel prix ?
La cause de cet étrange phénomène, c'est le réchauffement climatique. Lorsque les températures augmentent, les grenouilles ont du mal à survivre : au fur et à mesure du réchauffement, elles voient leur taille diminuer, leur morphologie s'adapter. Ainsi, elles deviennent plus petites pour pouvoir faire face à la chaleur.
La conséquence, c'est que leur coassement devient beaucoup plus fort, beaucoup plus strident et aigu, et beaucoup plus désagréable, un peu comme les petits chiens qui aboient. Pour le moment, selon Sebastiaan Meenderink, cette observation étonnante n'entraîne toutefois "pas de conséquences désastreuses" : "un changement à peine perceptible dans la taille et le chant des grenouilles n'a que peu d'impact sur l'environnement", explique-t-il.
Autrement dit, pour l'instant, ce phénomène semble être supportable pour l'espèce, mais si le réchauffement se poursuit (et tout semble malheureusement l'indiquer), alors les cris des grenouilles seront tellement modifiés que cela pourrait entraîner une chute de la reproduction (les femelles risquant de ne plus reconnaître les cris des mâles). A terme, c'est donc toute l'espèce qui pourrait s'éteindre, ce qui déstabiliserait alors tout l'écosystème de Porto Rico...