Insolite : pourquoi le plus grand lac naturel d'Angleterre devient-il vert ?
En Angleterre, le plus grand lac naturel du pays, le Windermere, change de couleur à vue d'œil, passant du bleu au vert, en raison d'une présence anormale de nutriments dans l'eau. Le responsable va vous étonner, ou même vous écœurer…
L'inquiétude monte au Royaume-Uni, alors que le plus grand lac naturel d'Angleterre, le Windermere, est en train à vue d'œil de changer de physionomie, sa couleur passant du bleu au vert. La raison ? Une accumulation d'algues, liée à la présence de nutriments, bien trop nombreux ! Les responsables vont vous étonner : il s'agit des touristes et de leurs excréments, mais pas seulement…
Un problème d'évacuation des eaux usées
D'après un rapport financé par l'agence spatiale britannique et révélé par nos confrères de la BBC, le lac Windermere, le plus grand d'Angleterre, est donc dans le viseur. Celui-ci devient vert, à vue d'œil, en raison de la prolifération d'algues, ce qui réduit le niveau d'oxygène dans l'eau et tue progressivement la vie marine.
Une invasion d'algues due notamment à la chaleur, mais aussi à l'accumulation de nutriments. Comment ceux-ci arrivent-ils dans le lac ? Via les eaux usées, riches notamment en phosphore et en nitrate. Ces eaux sont rejetées dans le lac : un "problème de santé publique croissant" selon le médecin en chef du pays, alors que les déversements d'eaux usées ont augmenté de 54% l'an dernier.
La presse, à l'humour typiquement british, évoque même des "plages à caca" pour qualifier la situation autour de certains lacs ou bords de mer, souvent déclarés impropres à la baignade. Car dans ces rejets d'eaux usées sont notamment recensés du papier toilette, des matières fécales et des protections hygiéniques, qu'on voit flotter à la surface…
Au total, plus de la moitié du phosphore présent dans le lac vient des eaux usées, avec un enjeu notoire, outre les fosses sceptiques, les barrages et les installations privées : celui des eaux usées traitées. La station d'épuration de Langdale rejette plus d'un million de litres d'effluents traités chaque jour dans une rivière qui se jette dans le lac Windermere.
Les touristes montrés du doigt
Pour connaître exactement la concentration d'algues dans un lac, il suffit d'analyser la teneur en chlorophylle, ce "composé présent dans les plantes qui leur donne leur couleur verte". Et l'afflux massif de touristes près du lac serait responsable de cette prolifération : il y a en tout cas une "corrélation significative" entre le nombre de visiteurs et la teneur en chlorophylle.
En analysant par infrarouge des images satellites, la société spécialisée dans les données environnementales Map Impact a réussi à déterminer les niveaux de chlorophylle dans le lac Windermere au cours des cinq dernières années.
C'est en recoupant ces données avec les connexions enregistrées au réseau de téléphonie mobile, pour évaluer le nombre de visiteurs, que la société a abouti a ce résultat : la prolifération des algues est certes liée à la chaleur, mais surtout à l'affluence. En moyenne, le pic de chlorophylle dans le lac est atteint trois à cinq jours après un pic d'affluence.
Le débat s'est d'ores et déjà installé pour à terme préserver cette ressource naturelle en eau douce qu'est le lac : l'industrie du tourisme souhaite évidemment instaurer un meilleur traitement des eaux usées, certains veulent limiter l'accès au lac, d'autres souhaitent carrément cesser les rejets d'eaux usées dans le lac et ses affluents. Affaire à suivre...