Insolite : le "test du slip", pour connaître la qualité des sols agricoles

"J'ai des petits problèmes dans ma plantation, pourquoi ça pousse pas ?"... Cette question posée dans la célèbre chanson du groupe Kana va peut-être trouver sa réponse grâce à... vos sous-vêtements ! En effet, une initiative menée par plusieurs institutions sur le territoire de la région Hauts-de-France, appelée le "test du slip", permet de connaître la qualité et l'activité des sols agricoles. Le but est notamment de valoriser les prairies et les zones humides, et comprendre à terme pourquoi certaines cultures poussent, et d'autres non.

Savez-vous planter un slip ?

Cette expérience particulière, le "test du slip", s'inscrit dans un programme développé dans l'ancienne région Nord-Pas-de-Calais en 2013 destiné à maintenir l'agriculture dans les zones humides (le PMAZH). Parmi les partenaires de ce programme : l'Agence de l'eau, des parcs naturels régionaux, la chambre d'agriculture ou encore la coopérative agricole Avenir conseil élevage. L'enjeu de ce test, reproduit ensuite dans d'autres régions (comme dans le Grand-Est) est aussi de valoriser les prairies, en étudiant la qualité des sols agricoles. Une expérience très visuelle qu'une dizaine d'agriculteurs de la région ont déjà suivie, mais que tout un chacun, même les jardiniers du dimanche, peut mettre en place.

Alors comment planter son slip ? C'est tout l'enjeu de l'expérience, qui consiste à enfouir le tissu dans le sol pour le récupérer plus tard. Le choix du sous-vêtement est tout d'abord essentiel. Il faut choisir un tissu avec élastique, slip ou culotte. L'idéal est de prendre un slip blanc, en coton biologique, et de le planter dans le sol (en faisant un trou à l'aide d'une bêche) à 10 ou 15 centimètres de profondeur, généralement après le 15 avril pour que le terre ait une température supérieure ou égale à 5 degrés et que le sol dispose d'un minimum d'activité biologique. Le slip doit être déposé à plat et recouvert par une motte de terre "telle quelle".

Pourquoi utiliser un tel slip ? Tout simplement parce que la couleur blanche permettra à terme de mieux observer l'état de dégradation du sous-vêtement. Quant à l'élastique, celui-ci ne se dégrade pas, cela permet donc de retrouver le slip à la fin de l'expérience si la dégradation est totale. Enfin, le coton biologique se décompose beaucoup plus facilement (il contient 95% de cellulose), et surtout ne pollue pas le sol.

Un outil pour la stratégie agricole

Après 3 mois dans la terre, il est temps de déterrer votre slip (vers le 14 juillet), et c'est là que l'expérience prend tout son sens. L'essentiel est déjà de pouvoir le retrouver, donc pensez à installer un repère (par exemple un piquet) lors de la plantation. Après l'avoir déterré, observez l'état de votre slip : plus il est dégradé, plus il y a de trous, plus la couleur blanche est altérée, alors plus votre sol est riche en nutriments. Moins il restera de slip, plus votre sol possèdera une bonne qualité agricole, une bonne activité, plus votre sol sera bien vivant.

Mais à quoi peut concrètement servir ce test quelque peu déroutant ? C'est d'abord un outil de stratégie et de communication en faveur de l'élevage, notamment bovin. Grâce aux résultats, il est possible de mesurer l'impact négatif de l'élevage sur la qualité des sols agricoles (une activité qui prélève forcément certains nutriments) et ainsi de changer régulièrement de zone de pâturage. Par ailleurs, le "test du slip" permet de comparer les rendements de différentes parcelles et à terme d'aller vers l'efficience économique du modèle agricole. L'expérience peut se reproduire aux différentes saisons pour construire un modèle global, même si dans l'idéal, la réduction des activités d'élevage est à terme souhaitable pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre...