Insolite : le "caca" de baleine, utile contre le réchauffement climatique ?
Riches en nutriments, les excréments de baleine joueraient un rôle important dans la lutte contre le réchauffement climatique, selon une étude menée par des chercheurs norvégiens. Et tout réside dans la capacité du "caca" à contribuer à la production de phytoplancton...
Non, ce que vous allez lire n'est pas une blague ! D'après des chercheurs norvégiens, le "caca" de baleine pourrait être l'un de nos alliés dans la lutte contre le réchauffement climatique...Tout réside dans la concentration en nutriments présents dans les excréments de l'animal, une nourriture essentielle pour la chaîne alimentaire en mer. Séquence explications...
Les excréments fertilisent les océans
C'est donc une première : des chercheurs de l'Institut norvégien de recherches marines se sont intéressés, non sans multiples protections olfactives, au "caca" de baleine. Oui, les excréments, les rejets de l'animal, du rorqual commun en l'occurrence, une espèce de baleine. Et selon ces chercheurs, "cela vaut son pesant d'or" ! En effet, en analysant la concentration en nutriments dans les excréments de la baleine avant leur dissolution dans l'eau de mer, les scientifiques y ont décelé une contribution importante dans la lutte contre le réchauffement climatique.
La technique d'analyse de ces excréments est malheureusement controversée, puisque les relevés ont été possibles uniquement via l'harponnage des rorquals communs par des baleiniers, la Norvège étant l'un des rares pays au monde à autoriser la chasse de ces animaux, en vue d'une commercialisation... Néanmoins, le résultat est particulièrement intéressant : les excréments de l'animal, selon les conclusions des chercheurs, agissent comme fertilisants des océans, comme peuvent le faire les vaches et les moutons sur terre.
Cette opération de fertilisation a lieu entre autres lors de la migration des rorquals communs chaque été vers l'archipel norvégien du Svalbard, en Arctique. Les baleines relâchent également des nutriments à d'autres périodes, mais pendant la migration, la dispersion est beaucoup plus étendue géographiquement. Au total, environ 15.000 rorquals migrent, et chacun relâche chaque jour environ 40 kg d'excréments à la surface de l'eau, soit 600 tonnes chaque jour au total. Selon l'étude, ces déjections libèrent quotidiennement environ 10 tonnes de phosphore et 7 tonnes d'azote, connus comme fertilisants.
Le rôle clé du phytoplancton
Azote et phosphore sont des nutriments essentiels pour le phytoplancton, des algues microscopiques qui, via la photosynthèse, absorbent du CO2 et rejettent de l'oxygène. Au total, le "caca" de baleine contribue en moyenne à produire chaque jour 0,2 à 4% du phytoplancton dans la région du Svalbard. Une contribution minorée, car l'étude ne prend pas en compte l'urine de la baleine, très riche en azote.
A l'âge adulte, le rorqual commun, qui pèse souvent 40 ou 50 tonnes et se nourrit en avalant et filtrant de grandes quantités d'eau, peut ainsi libérer "plusieurs centaines de litres d'urine" par jour. La conclusion des chercheurs est simple : si le nombre de baleines diminue, alors la surface des océans sera moins fertilisée et la quantité de phytoplancton diminuera. Or, une forte production de phytoplancton signifie une hausse de l'absorption de CO2, et donc une petite fraction de réchauffement climatique en moins... Le phytoplancton absorbe quand même 40% du CO2 produit dans le monde !
Avant de crier "vive la baleine" ou "vive le phytoplancton" et pour rester dans le thème (ou presque), sachez que le cachalot, autre cétacé, est lui aussi connu pour les bienfaits de ses déjections... Mais il s'agit cette fois du... vomi ! Ce qu'on appelle communément le "vomi de baleine" est en fait de l'ambre gris, une substance rejetée par la gueule de l'animal et très recherchée par par les parfumeurs. L'ambre gris peut se vendre jusqu'à 40.000 dollars le kilo et est parfois surnommé "l'or flottant". Toutefois, contrairement aux excréments, le vomi de baleine n'a pas encore d'impact connu sur le réchauffement de la planète, mais qui sait ?