Insolite : l'Indonésie veut-elle vraiment commercialiser du "lait" de poisson ?
L'Indonésie développe un nouveau type de lait protéiné, du "lait de poisson". Mais celui-ci a pour le moment beaucoup de mal à être accepté par le grand public.
Les étals indonésiens ont récemment vu l'apparition d'un produit très particulier et même insolite, du « lait de poisson ». Cette nouvelle industrie insolite est-elle vouée à un avenir prometteur ?
L’Indonésie manque de vaches
L'Indonésie fait face à plusieurs problèmes. D'une part, ses habitants ne consomment pas assez de protéines. Selon le ministère des Affaires Maritimes et de la Pêche, l'apport en protéines du peuple indonésien actuel sur la base des données bps 2023 na enregistré que 62,3 grammes par habitant par jour, ce qui est particulièrement bas en comparaison aux autres pays du monde. Par exemple, la Chine a enregistré en 2023 121,7g par habitant par jour, les États-Unis 109,6g et la Norvège 101,2g.
Conscient d'être plus riche en poissons qu'en bovins, l'archipel a donc lancé dès 2017 des programmes de recherches visant à extraire des protéines de ses immenses ressources piscicoles, c'est ainsi qu'est né le lait de poisson. Néanmoins, on le sait tous, les poissons ne produisent pas de lait, comment est donc obtenu ce drôle de produit ?
Développé par l'ONG Berikan Protein Initiative, ce « lait » résulte du désossage, du broyage, de la décomposition par hydrolyse puis du séchage et de la réduction en poudre de la chair du produit quotidien de la pêche dans des usines. Le résultat est ensuite transporté par camion dans une seconde installation où il est ensuite mélangé à des arômes, de fraise ou de chocolat par exemple. Enfin, il ne reste plus qu'à l'associer à de l'eau pour obtenir ce fameux lait de poisson.
Ce lait possède un intérêt non négligeable pour les populations sous-alimentées, malnutries ou simplement en carences protéiques. Selon ses fabricants, celui-ci contient en effet les neufs acides aminés nécessaires à la bonne santé des être humains, le tryptophane, la lysine, la méthionine, la phénylalanine, la thréonine, la valine, la leucine, l'isoleucine et l'histidine.
Un accueil pour le moment très mitigé
L'accueil du grand public pour ce nouveau type de « lait » est toutefois plus que mitigé. Ce nouveau produit est par exemple moqué sur internet pour la dimension contre-nature de son nom ainsi que pour le goût évident de poisson qu'on lui devine. La Berikan Protein initiative assure toutefois que le goût de son produit est parfaitement neutre.
Néanmoins, les témoignages recueillis par les plus curieux ayant voulu tester ce lait de poisson sont plus timorés, ceux-ci faisant part d'un goût de poisson pouvant se montrer assez désagréable, notamment lorsqu'il est associé à d'autres arômes. Selon certains témoignages, la version chocolatée serait même celle dont le goût est le plus difficile à supporter.
Ce lait de poisson peine à convaincre jusqu'au sommet du gouvernement indonésien. Le ministre de la Santé du pays s'est en effet montré méfiant à son propos, celui-ci préférant implanter plus d'élevages bovins dans le pays ou importer du lait d'Australie avant de commencer à « traire les poissons ».
Malgré tout, les protéines issues des fonds marins restent une option sérieuse dans la lutte mondiale contre la malnutrition. L'Union européenne a elle aussi lancé des recherches sur le sujet. Parmi elles, l'institut scientifique norvégien Norce se focalise par exemple sur la disparition du goût de poisson des produits protéinés qui en sont issus, ce paramètre étant important pour le grand public.
Si ce défi est relevé efficacement nous pourrions donc retrouver du lait de poisson dans nos supermarchés dans un avenir plus ou moins proche. Ce type de produit pourrait en effet devenir très populaire auprès du grand public, des programmes alimentaires ou des athlètes en raison de son important apport protéique.
Sources : Geo/VOI/produits-laitiers/Wall Street Journal