Insolite : et si des virus géants ralentissaient la fonte des glaces au Groenland ?

Des scientifiques ont découvert la présence de virus géants au Groenland. En infectant les algues présentes sur la glace, ceux-ci pourraient diminuer la vitesse de fonte de la calotte glaciaire.

Algues
La présence d'algues sur la glace la rend plus sombre, ce qui favorise une fonte plus rapide de celle-ci en diminuant son albédo

Des chercheurs ont mis au jour des traces d'ADN de virus géants habitant la calotte glaciaire du Groenland. Ceux-ci pourraient contribuer à ralentir la fonte des glaces en régulant la croissance des algues qui assombrissent la neige.

Virus géants et algues : une bonne nouvelle pour la calotte glaciaire ?

En analysant un échantillon de glace fondue prélevée au Groenland, des chercheurs du département des sciences environnementales de l'université d'Aarhus au Danemark ont mis en évidence la présence de traces d'ADN de virus géants. Ceux-ci sont appelés ainsi en raison de leur taille, de l'ordre du millionième de mètre (µm) quand les virus plus classiques se mesurent en milliardième de mètre (nm).

Ce type de virus avait déjà été découvert dans un environnement similaire par le passé, plus précisément dans l'océan Arctique au niveau d'une masse d'eau douce surplombant l'eau salée. Toutefois, c'est la première fois que ceux-ci sont repérés dans la calotte glaciaire Groenlandaise, au milieu d'une neige assombrie par la présence d'algues.

Les deux sont en effet liés. Ces virus infectent en effet des algues microscopiques dont la prolifération assombrit la surface enneigée et diminue ainsi sa capacité à réfléchir le rayonnement solaire. En effet, plus la couleur de la glace est sombre en étant couverte d'algues, plus la chaleur peut s'y accumuler et donc plus la glace pourra fondre rapidement.

Néanmoins, en infectant ces algues, ces virus géants pourraient diminuer leur population et les empêcher de proliférer à la surface de la calotte glaciaire, ce qui pourrait donc permettre de réduire de façon indirecte la fonte des glaces sur ce secteur. Une idée qui intéresse grandement les scientifiques dans ce contexte de réchauffement climatique global.

Une utilisation possible de ces virus ?

Les chercheurs ayant fait cette découverte expliquent que les connaissances sont encore limitées au niveau de ces virus, mais que ceux-ci pourraient être utiles pour atténuer la fonte des glaces causée par la prolifération des algues.

De nouvelles études devront donc être effectuées à l'avenir sur ce véritable écosystème glaciaire. Les algues et les virus ne sont en effet pas seuls sur la banquise, puisque tout un écosystème entoure les algues, composé notamment de champignons filamenteux, de levures, de protistes qui se nourrissent des algues, de différentes espèces de champignons qui les parasitent et donc de virus géants qui les infectent.

Ce sont ces trois derniers groupes (protistes, champignons et virus géants) que l'équipe de chercheurs devra donc continuer d'étudier afin d'espérer comprendre le mécanisme de contrôle naturel qui s'exerce sur les algues. Une prochaine étude prévue dans les prochains mois dévoilera d'ailleurs davantage d'informations sur ces virus géants infectant une microalgue prospérant sur de la glace de surface de la calotte groenlandaise cultivée en laboratoire.

Cette prochaine étude pourrait à terme nous permettre de définir si nous serions capables de dompter le pouvoir de ces virus géants, ce qui pourrait peut-être permettre de sensiblement réguler la fonte de la calotte glaciaire au Groenland voire sur d'autres régions. Toutefois, de nouvelles analyses seront nécessaires dans les prochains mois afin d'éviter de mettre en péril le fragile équilibre polaire sans avoir toutes les informations nécessaires au préalable.

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