Insolite : des requins testés positifs à la cocaïne ? Comment est-ce possible ?

Suite à une étude, des chercheurs ont retrouvé de la cocaïne dans les tissus musculaires de requins à nez pointu au large du Brésil. Un phénomène qui serait lié au trafic de drogue, particulièrement présent dans la région.

Requin
13 requins sauvages pêchés au large du Brésil présentaient des taux de concentration de cocaïne particulièrement élevés dans leur organisme selon une récente étude

De la cocaïne a été détectée dans les tissus musculaires d'une dizaine de requins sauvages au Brésil d'après une étude publiée par la fondation Oswaldo Cruz. Ceci serait directement lié au trafic de drogue touchant la région.

Des concentrations 100 fois supérieures à la normale !

Au large des côtes brésiliennes, une étude partagée par la fondation Oswaldo Cruz et publiée le 15 juillet dernier dans la revue Science of the total environment a mis en avant le fait que 13 requins sauvages à nez pointu avaient été testés positifs à la cocaïne. Selon cette étude, la concentration de cette drogue dans leur organisme serait jusqu'à 100 fois supérieure à celle rapportée précédemment pour d'autres animaux aquatiques.

Les scientifiques sont arrivés à cette conclusion en disséquant 13 requins à nez pointu achetés auprès de petits bateaux pêchant au large des côtes brésiliennes. Ceux-ci ont ensuite été testés à l'aide d'une technique standard pour rechercher de la cocaïne et de la benzoylecgonine, le principal métabolite de la drogue.

S'il est pour le moment trop tôt pour connaître les effets négatifs exacts de cette concentration marquée de cocaïne dans le corps des requins, cette drogue pourrait potentiellement modifier leur comportement et leur capacité à se reproduire. Il a déjà été prouvé par le passé que la cocaïne était toxique pour les mollusques, les crustacés et les poissons osseux et d'autres tests ont mis en avant une perturbation hormonale chez les anguilles.

Dans ce premier rapport, les tests ont démontré que la substance était notamment présente dans les tissus musculaire des requins et que certains des individus contaminés étaient des femelles enceintes. Toutefois, l'étude n'a pas pu démontrer d'effet sur les fœtus pour le moment.

Le trafic de drogue à l'origine de cette contamination

Le trafic de cocaïne est une véritable problématique en Amérique du Sud. Les experts estiment par exemple que plus de 1000 tonnes de cocaïne sont produites chaque année dans cette partie du globe. Son acheminement est effectué via trois types de voies, par voie terrestre, aérienne et maritime. Or, d'après ce rapport, si les voies aériennes et terrestres sont porteuses de vraies problématiques, c'est pas la mer que passe le pus gros du trafic.

D'après JIATF-South, l'organisation de lutte antidrogue américaine qui accueille les représentants de 14 nations partenaires combattant le narcotrafic, 80% de cette drogue emprunte le chemin maritime, exposant les écosystèmes marins à de nombreux dangers.

En effet, une partie de cette importante quantité de drogue est parfois rejetée directement à la mer, que ce soit de façon intentionnelle ou non par les narcotrafiquants, s'y dissolvant progressivement et se retrouvant donc dans les organismes de certaines espèces marines. Toutefois, les scientifiques estiment que la majorité de cette cocaïne atteint l'océan au large de Rio en passant par les eaux usées et non traitées des toxicomanes, ainsi qu'avec le drainage des laboratoires illégaux appartenant aux trafiquants.

Aujourd'hui, les scientifiques s'inquiètent des conséquences potentiellement importantes de ces drogues sur la faune marine, celles-ci pouvant notamment provoquer des troubles hormonaux et même des modifications de comportement chez certaines espèces. Également, la présence de drogue dans l'organisme des requins pourrait avoir des conséquences directement sur l'Homme, l'étude en question précisant que la viande de requin reste très consommée au Brésil et ailleurs dans le monde.

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