Insolite : Comment Monaco a pu encore agrandir son territoire de 6 hectares ?
La principauté de Monaco a vu son territoire s'agrandir de 6 hectares cette semaine, mais où a donc pu être construit ce nouveau quartier dans cet État coincé entre montagnes et mer Méditerranée ?
Un nouveau quartier, Mareterra, a été inauguré ce 4 décembre à Monaco. Un chantier énorme qui a permis à la principauté de grappiller six hectares supplémentaires sur la mer.
Le deuxième pays le plus densément peuplé au monde
La principauté de Monaco est située sur les bords de la Méditerranée du côté de la Côte d'Azur, à une vingtaine de kilomètres à l'Est de Nice et à moins de 10km de la frontière italienne. Celle-ci possède une superficie totale de 208 hectares, soit seulement 2,08km², ce qui en fait le deuxième plus petit État indépendant au monde après le Vatican.
De ce fait, Monaco cherche sans cesse à agrandir son territoire, même si sa géographie limite fortement les extensions importantes. La principauté est en effet bordée à son Nord par de hauts reliefs, située par exemple juste en-dessous du mont Agel et ses 1 148m d'altitude, et à son Sud par la Méditerranée.
Mareterra : 6 hectares supplémentaires gagnés sur la mer
Monaco avait déjà réalisé plusieurs extensions de son territoire depuis les années 1950, d'abord via la construction du quartier Larvotto, situé sur le Sud-Est de la ville puis par la réalisation du quartier de Fontvieille, la plus grande extension de la ville à ce jour avec un gain de 23,2 Ha entre 1966 et 1972.
Néanmoins, la principauté n'allait pas s'arrêter en si bon chemin pour augmenter se superficie. Ces dernières années , c'est le nouveau quartier de Mareterra qui a fait parler de lui, un chantier énorme qui a permis de gagner 6 hectares supplémentaires sur la mer Méditerranée.
Ce chantier n'a pas d'équivalent, même au Moyen-Orient, compte tenu de la profondeur de la structure, descendant jusqu'à 50 mètres sous la surface de la mer, et des contraintes auquel il a du faire face. Par exemple, l'Est des Alpes-Maritimes où se situe Monaco, est soumis à un risque sismique moyen et plusieurs séismes notables se sont déjà produits sur la région comme une secousse de magnitude 5,6 en 1963 dont l'épicentre se situait 25km au Sud de la principauté. Il était donc important de prendre en compte ce risque dans la réalisation de ce chantier.
Celui-ci s'appuie donc sur l'installation de 18 énormes caissons de béton délimitant une nouvelle ligne de côte. L'espace mis au sec à l'intérieur a ensuite été comblé avec du sable et consolidé par plus d'un millier de larges pieux de 45 mètres de haut.
Un nouveau quartier de luxe pour la principauté
Ainsi est donc né, après près de 8 ans de travaux et un budget de 2 milliards d'euros, porté notamment par la société Anse du Portier réunissant essentiellement une dizaine de familles aux noms puissants à Monaco, ce nouveau quartier de luxe à destination de la poignée d'ultra-riches qui pourra y vivre et des nombreux visiteurs attendus.
Les 6 hectares gagnés sur la mer de Mareterra comprennent aujourd'hui 120 appartements spacieux, voire immenses et dix villas d'exception dont les prix se sont élevés jusqu'à 120.00 euros le mètre carré. Un montant que Guy-Thomas Levy-Soussan, administrateur délégué de l'Anse du Portier qualifiait au printemps d'"optimiste", tout en reconnaissant "un gros succès commercial".
Néanmoins, tout n'est pas tout rose sur la principauté suite à l'inauguration du quartier Mareterra. Même si les porteurs du projet ont expliqué avoir mis le maintien de l'écosystème et la préservation de l'environnement au cœur de leurs priorités, déplaçant par exemple 500m² de Posidonia Oceanica, une espèce protégée d'herbe marine, des scientifiques déplorent que la biodiversité marine a été massacrée par ce chantier. Selon le biologiste marin Alexandre Meinesz, on ne peut en effet pas compenser 60 000m² de fonds marins ayant été recouverts, ces biotopes, avec beaucoup d'espèces, sont aujourd'hui détruits à jamais.
Référence de l'article :
Monaco a grignoté 6 hectares sur la mer : comment est-ce possible ?, Geo.fr et AFP, 6 décembre 2024