Inquiétant ! Pourquoi les serpents disparaissent-ils en Nouvelle-Aquitaine ?

Comme d'habitude, le dérèglement climatique est mis en cause dans la disparition d'espèces de serpents néoaquitaines, mais ce n'est pas le seul responsable...

Disparition Serpent France Nouvelle-Aquitaine
Sur 9 espèces présentes en Nouvelle-Aquitaine, 8 subissent une diminution de leur population selon l'association Cistude Nature.

L'association Cistude Nature réunit des scientifiques. Leur objectif est de permettre une meilleure connaissance des différentes espèces de serpents présentes en Nouvelle-Aquitaine et de les protéger. Malheureusement, l'association recense une forte diminution de population de 8 espèces sur 9 ! En 4 ans, seule une espèce de couleuvre semble survivre dans la plus grande région française.

"En l’espace de quatre ans, trois espèces de couleuvres ont vu leur taux de présence divisé par deux en moyenne sur les 87 sites suivis dans la région", rapporte Cisture Nature. Les 3 espèces concernées sont : la couleuvre helvétique, la couleuvre vipérine et la couleuvre d'Esculape. Les scientifiques parlent d'un effondrement "net et marqué" de ces espèces.

Leur constatation ne s'arrête pas là. 4 autres espèces de serpents ont un très faible taux de présence dans la région : 5% pour la coronelle lisse, et seulement 1 voire 0% pour les coronelle girondine, vipère péliade, vipère de Séoane... La seule espèce à survivre "tant bien que mal" est la couleuvre verte et jaune, présente sur 67% des sites selon le recensement de 2023.

Comment expliquer cette disparition importante et soudaine ? Selon les experts, plusieurs causes existent : "La première est l’anthropisation des milieux", révèle l'herpétologue de Cistude Nature, Matthieu Berroneau. Par anthropisation, comprenez : la "modification d'un milieu dit « naturel » par les activités humaines."

Car, comme partout ailleurs dans le monde et pour d'autres espèces animales, leur habitat naturel est menacé par l'activité humaine : "Leurs milieux sont en train de disparaître, remplacés par du béton, du bitume ou des jardins. Des habitats encore un peu sauvages et naturels deviennent de la pelouse rase ou des milieux agricoles", poursuit-il.

Autre explication de cette extinction : la fragmentation des habitats restants. "Les serpents et les reptiliens en général sont des animaux de faible mobilité. (...) Quand leur habitat se dégrade, ils doivent se déplacer, mais pour le faire ils sont obligés de traverser des barrières parfois infranchissables comme des routes, où ils se font systématiquement écraser."

Et évidemment parmi les mis en cause de la disparition des serpents : le changement climatique. Le sud-ouest du pays connait de plus en plus d'épisodes de fortes chaleurs ce qui ralentit "fortement l’activité des reptiles. (...) Ils sont obligés de rester à l’ombre, ce qui baisse les chances de rencontrer de nouveaux partenaires et entraîne une forte mortalité."

Et malheureusement, la dernière cause pourrait être totalement évitée : les serpents ont mauvaise réputation. "Ces animaux sont extrêmement mal connus et mal aimés du grand public", détaille l'herpétologue. Avant de poursuivre : "Quand une personne les voit, elle en a peur et souvent les tue alors que ce sont des espèces protégées."

Un réflexe néfaste d'autant que les 13 espèces de serpents identifiées en France sont toutes protégées. Il est donc formellement interdit de les tuer. D'autant plus que la plupart des espèces sont totalement inoffensives ! Seules les vipères sont venimeuses mais elles mordent uniquement quand elles n'ont plus le choix car elles ne parviennent pas à s'enfuir.

"Cela ne viendrait pas à l’idée de quelqu’un qui voit un hérisson ou un rouge-gorge dans son jardin de le tuer, alors que les serpents sont très souvent aussi inoffensifs", explique Matthieu Berroneau. Logique, mais la peur fait souvent faire des bêtises. Pour éviter de participer à l'extinction des espèces, l'association préconise aux particuliers de ne pas tondre leur jardin entièrement et de laisser la végétation buissonnante servir d'abri aux animaux.

Source : LeFigaro

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