Inondations meurtrières en Europe centrale : un signal que le changement climatique s'accentue ?

Si les inondations ont été dévastatrices et meurtrières la semaine dernière en Europe centrale, quel est le rôle du réchauffement climatique dans leur intensité ?

Inondations
Nombreux ont été les secteurs d'Europe centrale ayant subit des inondations parfois catastrophiques autour de la mi-septembre

La dépression Boris a engendré d'importantes intempéries sur l'Europe centrale entre la fin de semaine dernière et ce début de semaine avec de nombreuses inondations et victimes à travers plusieurs pays européens. Mais la survenue de cet épisode fut-elle favorisée par le changement climatique ?

Un épisode majeur sur l'Europe centrale

Entre le 12 et le 17 septembre, de nombreux pays d'Europe centrale ont été concernés par un épisode pluvieux particulièrement important. La dépression Boris, issue de la coulée d'air froid ayant concerné la France la semaine dernière, s'est en effet isolée sur cette partie de l'Europe, piégée entre un anticyclone situé près de l'Atlantique et un second situé sur la Russie.

Durant environ 5 jours, cette dépression très active a donc apporté des pluies diluviennes engendrant des inondations dévastatrices sur de nombreux pays européens, notamment la Pologne, l'Autriche, la République Tchèque, la Roumanie, la Slovaquie et la Hongrie.

Les cumuls de précipitations ont en effet atteint des valeurs extrêmes avec plus de 100mm relevés sur une superficie supérieure à celle de la France et des pointes à plus de 350-400mm entre l'Autriche, la République Tchèque et le Sud de la Pologne. On a par exemple pu relever 436,7mm en seulement 4 jours à Jeseník en République Tchèque, l'équivalent de 5 fois le cumul moyen d'un mois de septembre sur le secteur.

Nombreux ont ainsi été les cours d'eau ayant débordé sur ces régions, avec des conséquences malheureusement dramatiques pour la population. Les dégâts sont en effet très importants sur les régions touchées et au moins 22 victimes sont pour le moment à signaler, tout en sachant que de nombreuses personnes restent portées disparues.

Ce n'est toutefois pas la première fois que cette partie de l'Europe est touchée par des inondations dévastatrices, comme par exemple en 1997 et 2013. Néanmoins, les scientifiques s'accordent sur le fait que l'intensité de la tempête Boris a été accentuée par la chaleur importante de la Méditerranée et de la mer Noire, une conséquence directe du réchauffement climatique.

Des tempêtes plus intenses et des pluies plus fortes

L'organisme Climameter a analysé les autres tempêtes similaires du passé (survenues entre 1971 et 2001) sur l'Europe centrale et les a comparées aux tempêtes les plus récentes, cette fois-ci survenues entre 2001 et 2023. D'après les conclusions de leur étude, une même dépression (empruntant la même trajectoire dans les mêmes conditions) est aujourd'hui plus creuse (-2 hPa) et contient jusqu'à 20% de précipitations en plus sur ce secteur à cette période de l'année.

Ces 20% de précipitations supplémentaires représentent en moyenne 4 à 8mm de pluie en plus sous un même phénomène et localement plus de 10mm pour les secteurs les plus touchés, comme Vienne et Cracovie. Ce contenu en eau précipitable plus important favorise donc la survenue de pluies plus intenses et d'inondations catastrophiques comme celles qui ont concerné l'Europe centrale ces derniers jours.

D'après les chercheurs, l'influence d'un phénomène climatique naturel, comme l'oscillation atlantique multidécennale pourrait également jouer dans la survenue de cet épisode majeur, toutefois, son rôle resterait plus faible que l'influence du réchauffement climatique.

En effet, les eaux anormalement chaudes de la Méditerranée et de la mer Noire suite aux canicules successives de ces derniers mois ont principalement contribué à l'intensité exceptionnelle des précipitations accompagnant la tempête Boris, un phénomène de plus en plus récurrent ces dernières années sur ces régions.

Le même constat est d'ailleurs observable pour les autres épisodes pluvieux notables s'étant produits ces dernières semaines à travers le monde. On peut par exemple citer le typhon Yagi, qui a engendré des inondations majeures entre la Chine et le Vietnam en raison notamment d'eaux anormalement chaudes sur le secteur. Début septembre, les inondations observées sur la Côte d'Azur (Fréjus, Marseille, Mandelieu-la-Napoule) ont également été favorisées par les eaux chaudes de la Méditerranée, dont la température de surface atteignait encore 27-29°C à ce moment là, soit 3 à 5°C au-dessus des normales de la période.

Ces épisodes sont dont des signaux forts de l'influence du réchauffement climatique sur les catastrophes météorologiques. Si nous avons souvent tendance à penser que ce changement du climat n'induit que des canicules et des sécheresses plus intenses, il est important de prendre également en compte que, plus l'air est chaud, plus celui-ci peut contenir d'humidité, ce qui favorise la survenue d'inondations majeures à travers le globe. Les climatologues du monde entier alertent d'ailleurs sur ce phénomène depuis maintenant plus de 10 ans.

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