Inondations : les travaux ne suffisent pas ! Il faut aussi des plans, des politiques et une alerte précoce !

Deux types de mesures se complètent pour atténuer les risques et réduire l'impact des catastrophes : les mesures structurelles (travaux d'infrastructure) et les mesures non structurelles (plans, politiques et alerte précoce).

Les villes concentrent les risques. L'absence de gestion territoriale incite les populations les plus vulnérables à s'entasser et à occuper des zones inondables, augmentant ainsi le risque d'inondation.
Les villes concentrent les risques. L'absence de gestion territoriale incite les populations les plus vulnérables à s'entasser et à occuper des zones inondables, augmentant ainsi le risque d'inondation.

L’augmentation des pertes matérielles causées par les inondations, en dépit des mesures structurelles mises en œuvre, est un rappel constant de leur utilité limitée. En effet, les dispositifs de protection installés près des cours d’eau sont inefficaces pour prévenir les grandes crues et retardent souvent le drainage de la zone qu’ils sont censés protéger.

Aujourd'hui, à l'occasion de la Journée météorologique mondiale, l'OMM insiste sur la nécessité de disposer d'un bon plan d'alerte précoce.

L'importance de la gestion territoriale

Les dragages ou « nettoyages » des rivières et des ruisseaux ont peu d’effet sur le niveau atteint lors des crues, et vont à l’encontre de l’expérience et des données scientifiques. Quant aux canalisations, elles consistent souvent à transférer le risque d’une zone à protéger vers une autre. En plus d’être peu efficaces, les mesures structurelles sont très coûteuses et entraînent souvent de lourds impacts environnementaux.

Cependant, la mauvaise gestion des terres est la principale cause de l'augmentation des pertes dues aux inondations urbaines, notamment parce que la superficie occupée par les surfaces imperméables augmente, ce qui réduit l'infiltration naturelle et augmente le ruissellement ; parce que les villes deviennent de plus en plus denses en termes de bâtiments et de personnes et que, par conséquent, face à des événements similaires, les dommages causés aux personnes et aux biens sont de plus en plus importants.

À ces raisons s'ajoute l'augmentation de l'occupation des zones inondables par des personnes à faible revenu, soit en raison de la faible valeur de ces terres, soit parce qu'elles sont envahies en raison de leur appartenance au domaine public, soit parce que l'augmentation des infrastructures rompt le système de drainage naturel, obligeant l'eau à modifier son cours et à affecter des espaces qui étaient jusque-là exempts d'inondations.

Les mesures structurelles, telles que ce canal, ont une réponse limitée aux événements extraordinaires.
Les mesures structurelles, telles que ce canal, ont une réponse limitée aux événements extraordinaires.

Les ouvrages hydrauliques ne suffisent pas à réduire le risque d'inondation. Dans de nombreux cas d'inondations urbaines, les réseaux d'évacuation des eaux pluviales sont insuffisants en raison de l'effet de l'urbanisation et de l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des précipitations. En outre, l'écoulement de surface sur la chaussée (contenu par la bordure et le caniveau) est altéré par la détérioration et les modifications des rues, ce qui augmente le risque de dommages.

Elles doivent donc être complétées par des mesures non structurelles, qui soutiennent le processus de renforcement des capacités de résilience des communautés. Ces deux mesures sont essentielles pour réduire l'impact humain et économique des catastrophes.

Une catastrophe est-elle une punition divine ou notre faute ?

Attribuer une catastrophe à la malchance ou à la colère d'un dieu a servi pendant des millénaires à nous déresponsabiliser de nos propres erreurs. En effet, la racine étymologique du mot « catastrophe » provient de l'union de deux mots latins : « dis » (séparé) et « astro » (étoile), ce qui signifie qu'une catastrophe est un événement causé par le fait que les étoiles n'étaient pas de notre côté.

Cependant, s'exonérer de la responsabilité d'une catastrophe et l'attribuer au hasard, c'est montrer que nous ne pouvons pas contrôler l'incontrôlable (la nature, les aléas), mais que nous n'agissons pas non plus sur ce que nous pouvons gérer : le risque.

Aujourd’hui, 55 % de la population mondiale vit en ville, et ce chiffre atteindra 68 % d’ici 2050. La planète s’oriente vers un avenir de plus en plus urbain, alors même qu’en Amérique latine, 80 % de la population vit déjà dans des centres urbains… et 93 % en Argentine !

Les villes concentrent et augmentent les risques. Ce n'est pas pour rien que l'Amérique latine et les Caraïbes sont, après l'Asie (53 % de la population urbaine) et l'Afrique (45 %), l'une des régions les plus exposées aux catastrophes.

Mesures non structurelles

Les mesures non structurelles sont des actions ou des stratégies mises en œuvre pour atténuer les risques et réduire l'impact de ces événements sans qu'il soit nécessaire de construire des infrastructures physiques. Ces actions complètent les mesures structurelles (ouvrages hydrauliques, abris, etc.) et sont basées sur la politique, l'éducation, la planification et d'autres stratégies qui n'impliquent pas de travaux d'infrastructure, mais se concentrent sur la réduction des risques par le biais de la gestion, de la sensibilisation et de la préparation.

  • Éducation et sensibilisation : promouvoir la connaissance des risques et des actions préventives, en apprenant par exemple aux gens comment réagir en cas de tremblement de terre, d'inondation ou d'incendie. De cette manière, les gens peuvent prendre des décisions en connaissance de cause, en sachant « quoi faire ».
  • Planification et réglementation : ces actions comprennent des politiques d'utilisation des sols, telles que la prévention de la construction dans les zones à risque, la limitation de la concentration de logements ou de personnes par m2, le maintien d'une proportion adéquate d'espaces verts, des politiques de construction sûres, ou la promotion de solutions basées sur la nature, telles que les terrasses vertes, les jardins urbains, les jardins pluviaux, etc.
  • Réduire les vulnérabilités : en identifiant les zones à haut risque et en promouvant des mesures visant à minimiser les dangers, telles que la relocalisation des communautés exposées ou la conservation des écosystèmes qui agissent comme des barrières naturelles.
  • Systèmes d'alerte précoce et préparation des communautés : les systèmes d'alerte précoce permettent aux communautés de se préparer, d'élaborer des plans d'évacuation, de communiquer les risques et, en cas d'événement grave, de s'abriter ou d'évacuer à temps. Un système de protection civile adéquat est essentiel, tout comme la formation de brigades d'urgence et la mise en œuvre de protocoles de réponse aux situations de crise. Tout cela permettra d'évaluer les scénarios de risque et de réaliser des exercices, afin d'établir un cycle d'amélioration continue.
Les mesures non structurelles sont une composante essentielle et complémentaire de la gestion des risques.

Alors que les mesures structurelles (telles que les défenses ou les systèmes de drainage) sont souvent les premières défenses physiques contre l'eau, les mesures non structurelles agissent de manière permanente, cherchant à réduire l'impact et à protéger les communautés en se concentrant sur la préparation, l'atténuation et l'adaptation lorsque l'aléa ne s'est pas encore matérialisé (par exemple, de fortes précipitations).

Les mesures non structurelles sont plus souples, car elles peuvent être adaptées à différents scénarios climatiques, sont souvent plus rapides à mettre en œuvre et moins coûteuses que les mesures structurelles, et favorisent une approche plus durable.

La combinaison de ces deux stratégies est la clé d'une gestion complète et efficace des risques d'inondation.