Innovation agricole : en Chine, des scientifiques transforment du charbon en protéines !
Le charbon peut-il mieux faire que les plantes ? Oui, dans un domaine : certains scientifiques chinois ont en effet réussi à obtenir des protéines plus riches et plus complètes que celles issues des plantes, à partir de méthanol dérivé du charbon.
La révolution agricole passera-t-elle par le charbon ? Délicate question à laquelle ont tenté de répondre des scientifiques chinois, en démontrant dans une étude publiée dans la revue China Science Bulletin qu'il était possible de fabriquer à partir du charbon des protéines bien plus riches et complètes que celles issues des plantes. De quoi combler les besoins alimentaires de la population...
Une production à partir du méthanol
Tout est en effet parti de ces besoins alimentaires croissants de la Chine, qui connaît actuellement des difficultés en matière de rendements agricoles : le pays est contraint d'importer 80% de son soja, puisqu'il est dans l'impossibilité d'en produire suffisamment sur son sol pour nourrir toute sa population.
A la tête de son équipe de chercheurs, le professeur Wu Xin, de l'Institut de biotechnologie industrielle de Tianjin, a donc développé une nouvelle méthode pour produire des protéines plus efficaces que celles issues des végétaux. Il a ainsi fabriqué des protéines à partir du charbon, ou plus exactement d'un dérivé du charbon, le méthanol.
Pour transformer le charbon en méthanol, il faut le gazéifier. Ensuite, ce méthanol est introduit dans une souche particulière de levure (la Pichia pastoris), qui va le fermenter. Après la fermentation, on obtient alors une protéine complète, composée de vitamines, d'acides aminés, de graisses, de glucides et de sels inorganiques.
Un espoir pour l'agriculture ?
En quoi cette solution est-elle peut-être la première pierre d'une révolution agricole ? Tout simplement parce que les chercheurs estiment qu'elle pourrait permettre aux agriculteurs de nourrir plus efficacement leur bétail, les protéines étant plus riches que celles issues des plantes. Ils utiliseraient également beaucoup moins d'espace de culture.
Selon ces scientifiques, après le développement des cellules obtenues à partir du méthanol, celles-ci atteignent, sèches, un poids de 120 grammes par litre et une teneur en protéines brutes de 67,2%. Par ailleurs, la conversion du méthanol en protéines s'avère particulièrement efficace, avec peu de ratés (92% de réussite).
Sur notre planète, 40 millions de kilomètres carrés sont occupés par des pâturages et des terres agricoles dédiées à la production de nourriture pour le bétail. Cette innovation serait donc une excellente nouvelle pour nos sols (souvent enrichis en engrais chimiques), à une seule condition : que les industriels n'en profitent pas pour accroître l'exploitation minière et la production de charbon. Notre climat ne s'en relèverait pas...