Incroyable ! Condamné, un grand brûlé est sauvé grâce aux... vers marins !
Le sang des vers marins permet à la peau de mieux respirer et donc de cicatriser beaucoup plus vite et sans opération !
Tout commence alors que ce jeune homme de 32 ans préparait son bateau dans son jardin en bord de Loire. Un bidon d'essence explose près de lui, le brûlant à 85% au deuxième degrés profond et troisième degrés. Il est rapidement transféré au centre de traitement des brûlés du CHU de Nantes, en Loire-Atlantique (France).
"Nous étions très pessimistes quand nous avons accueilli ce patient. Il était brûlé à 85 %. Toutes ses brûlures étaient profondes et nécessitaient des greffes", assure le professeur Pierre Perrot, chef du centre, à France3 Bretagne. Avec son équipe médicale, il décide de soigner le thorax, l'abdomen et le dos du patient avec un tout nouveau pansement oxygénant de la société Hemarina.
Le ver marin arénicole pour soigner les brûlures !
Un gel contenu dans le sang des vers marins arénicoles - souvent appelé vers de vase - permet aux peaux abîmées de respirer, favorisant la qualité et la rapidité de la cicatrisation. Elle "se réalise sous le gel et vous obtenez une peau neuve", rapporte Franck Zal, fondateur de la société basée à Morlaix dans le Finistère et qui commercialise ce nouveau pansement.
La cicatrisation est permise grâce à la molécule d'hémoglobine de ces vers maris vivant dans le sable des plages de Loire-Atlantique et de la Manche. "Cette molécule a une très forte capacité à se recharger en oxygène. Elle transfère l'air depuis le haut du pansement, jusqu'à la cellule de la plaie, qui en a besoin", révèle celui qui est également le directeur scientifique et biologiste d'Hemarina.
Alors qu'avec un pansement traditionnel, "une brûlure cicatrise en cinq semaines et la peau devient épaisse, inflammatoire et se rétracte", détaille le chirurgien plasticien Pierre Perrot. La nouveauté avec ce pansement est qu'il faut étaler le gel sur la peau sous un bandage respirant. La cicatrisation se fait donc "dans une zone humide".
Car l'oxygénation permet à la cicatrisation de se faire plus rapidement. "Ici, les cicatrices sont de bonne qualité, très peu rouges et peu épaisses", poursuit le médecin nantais. Cette méthode n'avait été testée que sur des brûlures locales notamment sur les jambes, les doigts ou encore le crâne.
Un pansement pas encore sur le marché...
"Toutes nos équipes, en particulier les infirmières et les aides soignantes, ont alors observé que le patient a cicatrisé de façon spectaculaire, en trois semaines ! En cinq semaines, il était entièrement guéri", s'étonne encore le chef de service des brûles du CHU de Nantes.
D'autant que l'état du patient ne s'améliorait pas à son hospitalisation. L'équipe médicale était très pessimiste car son pronostic vital était engagé. Outre cette cicatrisation spectaculaire, l'avantage de ce pansement est qu'il permet "de conserver les sites donneurs de greffe pour les mains et les membres inférieurs", détaille Pierre Perrot.
Seul hic : ce nouveau pansement n'est pas encore autorisé sur le marché. Pour l'utiliser, l'équipe médicale a dû faire une demande auprès de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
"Nos technologies avancent vite, mais le côté réglementaire est super long. (...) L'ANSM reconnaît les bénéfices potentiels de ce produit, mais n'accorde que des autorisations "compassionnelles". C'est-à-dire lorsque des médecins font face à un cas désespéré, sans issue thérapeutique possible" comme c'était le cas de ce jeune homme condamné, explique Franck Zal.