Incendies, sécheresse : l’été de tous les dangers ?
Après un mois de mai frais et humide, on pourrait croire que les risques de sécheresse et d’incendies pour cet été sont plus faibles que les années précédentes mais il n’en est rien. On vous explique pourquoi le danger existe pour cette saison estivale.
Cela ne vous aura pas échappé : nous venons de vivre le mois de mai le plus frais depuis 2013 avec des précipitations récurrentes et des excédents quasi-généralisés, à tel point que des records mensuels ont été battus. Dans ces conditions, vous êtes nombreux à penser naturellement que les risques liés à une sécheresse estivale et aux feux de forêts ou de végétation s’annoncent plus faibles que les années précédentes. Et pourtant, la situation n’est pas aussi simple : cette saison estivale (de juin à septembre) s’annonce une nouvelle fois à risque en raison notamment de tendances saisonnières annonçant un été plus sec et plus chaud que la normale. Explications.
La sécheresse, une des préoccupations de l’été
Avec un cumul de pluie moyen de 108 mm à l’échelle nationale, mai 2021 est devenu le 11ème mois de mai le plus arrosé sur la période 1959-2021, ce qui représente un excédent de 29 %. Toutefois, de fortes disparités sont à signaler avec des cumuls variant de 9 mm à Lézignan-Corbières, dans l’Aude, à près de 400 mm au Lac Alfeld, dans le Haut-Rhin. Les excédents pluviométriques sont ainsi quasi-généralisés, sauf en Limagne, sur les Pyrénées et son piémont et du Roussillon au Haut-Languedoc.
Grâce à ces précipitations abondantes, l’indice d’humidité des sols situé en permanence en dessous de la normale depuis le début du printemps météorologique, est repassé légèrement au-dessus au cours de la seconde quinzaine de mai. Preuve en est que la situation s’est améliorée en mai sur le front de la sécheresse : le nombre de départements concernés par des arrêtés de restrictions d’usage de l’eau n’a pas augmenté au cours des 30 derniers jours avec une douzaine au total, essentiellement dans le centre-ouest.
Tous les signaux semblent donc être au vert à l’approche des jours les plus longs et statistiquement les plus chauds de l’année et pourtant, la situation n’est pas aussi simple. En effet, les pluies abondantes du mois de mai n’auront pas été suffisantes pour recharger les nappes d’eau souterraines. Pire encore, les niveaux des nappes restent majoritairement en baisse par rapport à avril selon le BRGM, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières. Les eaux infiltrées dans les sols à la suite des pluies de mai auront surtout servi à humidifier les sols, au profit de la végétation.
Plusieurs éléments, comme l’intensité et la quantité des pluies, la couverture végétale, l’activité biologique et les aménagements liés aux activités humaines, peuvent en effet agir sur la capacité du sol à absorber l’eau. Or, à cette période de l’année, la végétation et les cultures ont plus que jamais besoin d’eau. Ce sont elles qui ont essentiellement capter l’eau de pluie tombée en mai et qui n’est donc pas parvenue à gagner les nappes phréatiques dans la plupart des régions.
Vers un fort risque d’incendies dans le sud
Avec des niveaux de nappes phréatiques orientés à la baisse et en prévision d’un trimestre juin-juillet-août annoncé comme plus chaud et plus sec que la normale, le risque de sécheresse pour cet été s’annonce aussi important que les années précédentes. La carte publiée par le Ministère de l’Écologie à la mi-mai place les départements du centre-ouest, de la vallée du Rhône et du Midi méditerranéen en niveau de risque très probable.
Autre risque qui concerne ces départements du sud-est : il s'agit du paramètre des incendies. Alors que les pluies sont restées déficitaires dans ces secteurs au cours du printemps et en prévision de l’été chaud et sec, le risque de feux de forêts et de végétation s’annonce marqué pour toute la saison, et encore plus lors des épisodes de mistral et de tramontane.
D’ailleurs, plusieurs incendies ont déjà éclaté au début du mois d’avril. Parmi lesquels, un feu exceptionnellement violent pour la saison avait ravagé plus d'une centaine d'hectares dans le massif de Regagnas, près d'Auriol (Bouches-du-Rhône). Plus que jamais, la vigilance devra donc être de mise sur le front des incendies cet été !