Incendies : des régions aujourd'hui épargnées bientôt touchées ?
Faut-il craindre davantage d'incendies à cause du réchauffement climatique ? C'est ce qu'estiment des chercheurs français de l'INRAE, pour qui le risque d'incendies va concerner dans les prochaines années des régions autrefois épargnées, comme les Pays de la Loire, le Centre et les reliefs.
1100 hectares de végétation ont brûlé depuis mardi du côté d'Opoul-Périllos, dans les Pyrénées-Orientales. Et ce n'est sans doute pas terminé. Alors que cet été s'annonce particulièrement à risque, les chercheurs français de l'INRAE s'alarment : le réchauffement climatique va accentuer et étendre le risque d'incendies à des régions auparavant épargnées.
Des feux plus nombreux, plus au Nord, plus précoces
L'année de la célèbre canicule de 2003 avait été record en termes d'incendies de forêt en France. Selon les chercheurs de l'INRAE (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement), cela pourrait bien se reproduire dans les prochaines années, à cause de trois facteurs directement liés au réchauffement.
Concrètement, la hausse des températures et l'aggravation de la sécheresse vont d'abord étendre la zone à risque : si l'activité des feux devrait s'accentuer dans le Sud-Est (PACA et Occitanie notamment), ces feux pourraient s'étendre à des régions relativement épargnées auparavant, comme le Massif Central ou les Cévennes, mais aussi plus au Nord, comme les Pays de la Loire ou le Centre.
Deuxième conséquence, la saison des incendies commencera sans doute plus tôt dans l'année. Enfin, le maintien de températures nocturnes élevées pourrait réduire l'opportunité d'arrêter l'incendie. Quant aux départs de feu, ils devraient se multiplier à cause de l'urbanisation et de la présence accrue des populations près des forêts.
Un défi pour la végétation
La France n'est pas la seule à être concernée. Aux Etats-Unis, les surfaces brûlées ont déjà augmenté de 1200% lors des 40 dernières années, notamment dans des zones de montagne auparavant à l'écart du risque.
Ce risque étendu posera sans aucun doute de nombreux défis pour la végétation. Près de la Méditerranée, le pin d'Alep peut déployer dans le sol ses graines pour assurer sa régénération après un incendie. Ce n'est pas forcément le cas de la végétation de montagne ou du Nord du pays.
Par ailleurs, ces tendances seront observées plus globalement dans toute l'Europe, avec un risque d'incendie étendu plus au Nord et en altitude. Aujourd'hui, la superficie brûlée chaque année en moyenne en Europe atteint 500 000 hectares. Et ces incendies commencent déjà très tôt, notamment en Espagne.
L'espoir de la prévention
Seul espoir de cette étude : entre 1998 et 2015, les surfaces brûlées dans le monde ont diminué de 25%. "Malheureusement", cette baisse est liée au recul des forêts, notamment à cause de l'activité humaine (déforestation).
En France, malgré le réchauffement déjà observé, la surface moyenne brûlée chaque année est passée de 45 000 hectares dans les années 1970 à 12 000 hectares en moyenne depuis 2006.
Cette baisse serait liée, selon l'INRAE, "aux politiques de lutte et de prévention" permettant d'observer et d'attaquer rapidement tous les départs de feu pendant la saison chaude. La mobilisation accrue des pompiers (en effectifs et en matériel) est donc cruciale pour gérer ce risque, avec lequel nous devrons vivre à l'avenir.