Il y a 20 ans, la France suffoquait : la canicule historique de 2003 faisait 20 000 morts !
Il y a 20 ans, la France vivait l'une des pires canicules de son histoire et prenait alors conscience qu'une chaleur trop forte et durable pouvait tuer des milliers de personnes. Ce drame sanitaire, qui a marqué les esprits, est à l'origine de nombreuses mesures de prévention et de solidarité.
Nous sommes au tout début du mois d'août 2003 : il fait beau et de plus en plus chaud, normal c'est l'été. Sauf que la situation de blocage qui est en train de se mettre en place va beaucoup faire parler d'elle. Un vaste et puissant anticyclone va ainsi venir se positionner sur l'Europe pour recouvrir les deux tiers ouest du Vieux-Continent. Une masse d'air chaud tropical s'installe alors et sera alimentée de la sorte pendant une quinzaine de jours : la France s'apprête à connaître une canicule d'une intensité exceptionnelle et qui reste aujourd'hui encore la plus durable jamais enregistrée.
L'été le plus chaud de l'histoire en France, jusqu'à 44°C dans le Gard
Dès les premiers jours du mois, les températures augmentent nettement avec la barre des 30°C franchie dans la plupart des régions. À partir du 4 août, le seuil de très forte chaleur fixé à 35°C sous abri est dépassé dans les deux tiers du pays avec des pointes à 40°C voire plus, y compris en Bretagne où cette barre symbolique, jusqu'alors, n'avait jamais été atteinte.
Les journées les plus chaudes de cette période caniculaire ont eu lieu le 5 août avec une température moyenne nationale de 29,4°C (moyenne des valeurs minimales du matin et des maximales de l'après-midi), le 9 août (28,9°C) et le 10 août (28,7°C). Avec un peu de recul, sur les 15 jours les plus chauds en France depuis 1947, date qui marque le début de la prise en compte de cet indicateur, on retrouve pas moins de 10 journées d'août 2003 !
De nombreux records de chaleur sont ainsi battus par près de 50% des stations météorologiques. Parmi lesquels, on peut citer les 39,3°C de Nancy et de Reims, les 39,4 de Dinard, les 40,5 de Lyon et du Mans, les 40,6 de Biarritz, les 40,7 de Bordeaux et de Toulouse, les 41,6 de Nîmes ou encore les 42,6°C d'Orange. Le record absolu de température maximale a été quant à lui atteint le 12 août 2003 à Conqueyrac et à Saint-Christol-lès-Alès, dans le département du Gard, avec une exceptionnelle valeur de 44,1°C à l'ombre, soit 14°C de plus que les normales de saison.
Fait aggravant, les températures nocturnes ont beaucoup de mal à baisser, en particulier dans les grandes villes. À Paris, la station du parc Montsouris n'a pas connu une valeur inférieure à 22 ou 23°C durant 9 nuits consécutives. Dans le sud-est, les nuits sont également étouffantes, avec rarement moins de 25°C. À Menton (Alpes-Maritimes), la température minimale au petit matin du 6 août affiche même 30,3°C, du jamais vu ! Cette canicule historique a également touché nos voisins européens : l'Italie, l'Espagne, la Suisse, l'Allemagne mais aussi les îles britanniques ont ainsi connu une période caniculaire majeure, bien qu'un cran en dessous de celle de la France.
Des services d'urgence débordés, un gouvernement en vacances
En plein cœur des vacances d'été, ce phénomène météo exceptionnel se transforme rapidement en crise sanitaire. Les urgences des hôpitaux sont saturées en l'espace de quelques jours, les personnes isolées et souvent âgées sont les premières victimes. Le gouvernement, en vacances, tarde à réagir. Sous la pression médiatique, le ministre de la Santé intervient à la télévision le 11 août tandis que le Premier ministre interrompra ses vacances 48 heures plus tard. Le plan blanc finit par être déclenché le 13 août alors qu'il n'y a plus aucune place disponible dans les morgues d'Île-de-France.
Si les premiers chiffres officiels font état de 1500 à 3000 décès liés à la canicule, l'Inserm annoncera quelques mois plus tard un bilan de 19 490 morts en France (plus de 70 000 en Europe) quand les syndicats des urgentistes avanceront un chiffre de 25 000 victimes. Outre ce lourd bilan humain, les conséquences liées à cette canicule touchent de nombreux secteurs tels que les ressources électriques (centrales à l'arrêt), l'agriculture (diminution du volume des récoltes) quand les incendies de forêts se multiplient dans le sud-est.
Jusqu'à cet événements de 2003, les vagues de chaleur étaient un risque fortement sous-estimé en France, la situation a depuis fortement évolué. Plusieurs mesures ont été mises en place à la suite de cet été, tels que le plan national canicule (PNC), une journée de solidarité et des mesures préventives au travail. Par ailleurs, dès l'année suivante, le paramètre "canicule" a été ajouté à la carte de vigilance émise quotidiennement par les services météo nationaux. Depuis, la vigilance rouge (niveau maximal) a été déclenchée à cinq reprises : le 27 juin 2019, le 24 juillet 2019, le 7 août 2020, le 16 juin 2022 et le 17 juillet 2022.