Voici pourquoi nous sommes entièrement responsables de la disparition des baleines franches !
Il ne reste plus que 356 baleines franches à l'état sauvage dans l'Atlantique Nord, au large de la côte Est américaine. Décimées par la chasse au 19e siècle, elles sont aujourd'hui en voie d'extinction. L'Homme en est à nouveau responsable.
Rendue célèbre par le roman d'Herman Herville en 1851, Moby-Dick, la baleine franche de l'Atlantique Nord, dite "baleine urbaine", vit ou plutôt survit entre la Floride et le Canada. On n'en dénombre plus que 356 individus aujourd'hui. Déjà décimée par la chasse au 19e siècle, l'Homme est en train d'achever l'espèce, pourtant essentielle pour la biodiversité océanique.
Entre le début du 19e siècle et les années 1930, où les premières lois protégeant les baleines franches ont été établies, la population de ces mammifères est passée de 21.000 à seulement quelques dizaines. A l'époque, les baleiniers les chassaient pour leur huile et leurs fanons, des sortes de lames présentes sur leurs mâchoires et riches en kératine.
Principales menaces : surpêche et collisions
Au cours du 20e siècle, l'espèce s'est rétablie, jusqu'à compter 500 individus en 2010. Mais sa population chute à nouveau, et la baleine franche est désormais en danger critique d'extinction : sur les 13 baleineaux nés cette saison, un est blessé et deux autres sont portés disparus. Comme au 19e siècle, l'Homme en est entièrement responsable : les voies maritimes et les zones de pêche empiètent en effet sur les aires d'habitat et de mise bas de la baleine franche.
Principale menace pour les baleines : les bateaux, qui heurtent parfois les mères et leurs petits, très difficiles à percevoir, même en surface. Sur le principe des zones scolaires, des limitations de vitesse ont été mises en place pour les navires de plus de 20 mètres dans le Sud-Est des Etats-Unis entre novembre et avril, lors de la mise bas des baleines. Problème : 79% des navires ne les respectent pas et aucune technologie ne permet de les détecter en temps réel.
Si les plus petits navires roulant trop vite tuent parfois les baleineaux, l'autre menace réside dans la surpêche : 86% des baleines franches encore en vie se sont déjà retrouvées prises au moins une fois dans des engins de pêche, notamment ceux ciblant le crabe et le homard dans les fonds marins. Le cordage reliant le filet du fond de l'océan à une bouée en surface est le principal danger, puisque la baleine panique et s'enroule dedans, en s'entaillant. Sa mort peut ensuite durer 6 mois !
La biodiversité de l'océan menacée ?
Et ce n'est pas tout ! Après l'effet direct des activités humaines sur la population des baleines, il y a aussi l'effet indirect : celui du réchauffement climatique, dont on connaît l'origine humaine. Avec la hausse des températures, la recherche de nourriture devient plus difficile pour les baleines franches, qui souffrent de malnutrition et sortent de leurs aires protégées pour subvenir à leurs besoins.
Les spécialistes expliquent que sans agir maintenant, "la disparition définitive des baleines franches de l'Atlantique Nord est une vraie possibilité". Nous saurons dans un peu plus de dix ans s'il est possible ou non de reconstituer un jour l'espèce. Si l'Homme réduit ses activités dans les zones de protection, l'espèce peut pourtant se rétablir et survivre.
Essentielle pour l'écosystème marin, la baleine fait circuler les nutriments dans l'océan, en se nourrissant dans les eaux profondes et en faisant ses besoins à la surface. Sa disparition entraînerait forcément une perte de biodiversité avec l'extinction d'autres espèces. Un cercle infernal que personne n'est prêt à commenter, et qui pourtant est déjà en train de s'enclencher...