Hawaï : cette espèce d'oiseaux menacée est sauvée grâce... aux moustiques !
Des espèces rares et endémiques de l'état d'Hawaï sont menacées par une maladie transmises par le moustique. Pour les sauver ? Il faut encore plus de moustiques ! Explications !
Comme beaucoup d'autres espèces sur Terre, le grimpereau d'Hawaï est menacé en raison de la destruction de son habitat naturel. Mais pas que... Un prédateur introduit par l'homme au cours de XIXème siècle décime ces magnifiques oiseaux endémiques de l'île américaine. Et ce prédateur n'est nul autre que : le moustique.
Et pas n'importe lequel : le moustique scientifiquement baptisé Culex quinquefasciatus et particulièrement invasif. Ils ont envahi l'île dans les années 1800 en même temps que les navires européens et américains. La piqûre du moustique en elle-même ne tue pas le grimpereau. En réalité, c'est la malaria, une maladie transmise par cette espèce de moustique, qui tue les oiseaux.
Car ces oiseaux aux plumages très colorés ne sont malheureusement pas immunisés contre cette maladie infectieuse aussi appelée paludisme. Aussi mortelle chez les humains, une seule piqûre de moustique suffit à tuer un grimpereau. Il ne reste que 17 espèces de grimpereaux vivants à Hawaï que la cinquantaine qui peuplaient l'île auparavant.
Et les scientifiques craignent qu'en un an, d'autres espèces ne s'éteignent peu à peu si rien n'est fait. Pour l'instant, les derniers spécimens qui survivent sont ceux qui vivent en altitude. Car en haut des montagnes, les températures sont trop basses pour que les moustiques survivent. Mais c'est sans compter le réchauffement climatique... Encore et toujours lui !
La hausse la température mondiale permet aux moustiques de voler toujours plus haut en montagne, leur donnant accès à des spécimens qui parvenaient à leur échapper jusqu'ici. Les chercheurs ne comptent pas restés les bras croisés. Les autorités et le parc national de Haleakalā sur l'île de Maui ont décidé de lancer l'opération "Birds, Not Mosquitoes" (comprenez : "Des oiseaux, Pas des Moustiques").
Cette opération consiste à répandre d'autres moustiques depuis le ciel. Les moustiques (uniquement des mâles) sont porteurs d'une bactérie naturelle (Wolbachia) qui empêchent l'éclosion des oeufs de moustiques femelles sauvages avec lesquelles ils se sont reproduits. Cette technique s'appelle la technique des insectes incompatibles ou IIT.
Chaque semaine, les autorités larguent 250 000 moustiques grâce à des hélicoptères ou des drones. Grâce à cette méthode, les scientifiques espèrent réduire la population globale des moustiques. Car les femelles ne s'accouplent qu'une seule fois. Et les oeufs ne peuvent éclore que si le mâle et la femelle qui se sont reproduits sont porteurs de la même souche de Wolbachia.
Au total, ce sont 10 millions de moustiques qui ont été libérés sur l'île depuis novembre 2023, date de lancement du programme. Les chercheurs veulent tout tenter pour sauver les oiseaux. "La seule chose qui serait plus tragique serait que [les oiseaux] disparaissent et que nous n'ayons pas essayé", rapporte Chris Warren, coordinateur du programme, sur le site du parc naturel de Haleakalā.
La technique IIT a déjà été une réussite en Chine ainsi qu'au Mexique. D'autres opérations de ce genre sont actuellement en cours dans plusieurs états des États-Unis : en Californie et en Floride, révèle le site du Service des parcs nationaux des États-Unis (NPS). L'avantage de cette méthode est qu'elle est bonne pour l'environnement car il n'est pas nécéssaire d'utiliser des pesticides, qui peuvent parfois tués des espèces qui n'étaient pas la cible d'origine.
Les scientifiques vont pouvoir vérifier l'efficacité de cette technique dès maintenant, en été, car en cette saison les populations de moustiques sont habituellement plus nombreuses.
Sources : TF1Info/TheGuardian