Gelées tardives localement marquées : d'importants moyens utilisés pour limiter les pertes dans les cultures
Avec le retour de gelées parfois fortes cette semaine dans de nombreuses régions, les arboriculteurs et les viticulteurs ont dû mettre en place des systèmes de lutte anti-gel afin d'éviter de trop grandes pertes dans les cultures.
Après les épisodes de douceur et de chaleur remarquables du début du mois, un flux de nord à nord-est s'est mis en place sur le pays, apportant une masse d'air polaire et faisant ainsi fortement chuter les températures. Des gelées parfois marquées ont ainsi fait leur retour cette semaine. Si des gelées ne sont pas anormales à cette période de l'année, les températures hors-norme des dernières semaines ont accéléré le processus de réveil de la nature. Les fruitiers comme la vigne ont ainsi une à deux semaines d'avance, ce qui les rend plus vulnérables face au gel.
Ainsi, les arboriculteurs comme les viticulteurs sont sur le qui-vive depuis plusieurs nuits et ont dû déployer des moyens parfois importants pour tenter de limiter la baisse de la température dans leurs parcelles. Parmi ces techniques, l'une des plus répandues est l'utilisation de bougies et de braseros. Cette méthode consiste à disposer de grosses bougies dans des boîtes métalliques avec des blocs de paraffine ou des braseros au milieu des vignes. Ils vont alors réchauffer l'air ambiant autour des parcelles où ils ont été installés, limitant de 2 ou 3°C la baisse de la température. Le recours aux chaufferettes est aussi répandu car efficace. Si elles offrent un beau spectacle nocturne, elles ne sont en revanche pas très respectueuses de l'environnement car elles émettent du dioxyde de carbone.
En plus des bougies, des bottes de paille humides sont aussi régulièrement utilisées car elles créent un important brouillard. Cette fumée émise joue alors le rôle d'un écran thermique comme lorsqu'il y a une couverture nuageuse la nuit, limitant ainsi la baisse de la température. Parmi les autres moyens de lutte anti-gel à disposition des professionnels, il y a aussi les éoliennes. D'une hauteur de 11 mètres, elles brassent l'air situé au-dessus des vignes. Étant généralement un peu plus doux que celui présent près du sol, il va ainsi se mélanger et permettre une légère hausse de la température. Certains viticulteurs utilisent ce procédé mais avec des hélicoptères qui volent en dessous de 20 mètres d'altitude mais celui-ci est plus dangereux en raison du manque de luminosité mais aussi particulièrement coûteux.
Autre méthode utilisée : l'aspersion. Elle consiste à asperger avec de l'eau les branches des arbres et les ceps des vignes. Les bourgeons sont alors pris dans une sorte de poche de glace sans que l'eau qu'ils contiennent ne gèle : c'est le principe de la surfusion. Si ce procédé est efficace, il est toutefois délicat car la poche de glace ne doit pas décongeler trop vite, au risque de "brûler" le bourgeon. Il faut alors arroser régulièrement les parcelles jusqu'à ce que la température redevienne positive. Les installations nécessaires à l'aspersion sont toutefois coûteuses.
Dans tous les cas, la lutte contre le gel nécessite des moyens humains importants pour déployer le matériel, sans compter qu'il convient de rester éveillé et mobilisé une grande partie de la nuit et jusqu'au lever du jour, soit au moment où les températures atteignent leur minimum. L'épisode de gel tardif est désormais terminé puisque les valeurs vont repartir à la hausse dès ce vendredi. Un temps plus doux s'installera ce week-end grâce à la mise en place d'un flux de secteur sud à sud-est.