Voici pourquoi ce gaz qui remonte dans le sous-sol norvégien menace notre planète !
Sournoisement, du gaz, en l'occurrence des bulles de méthane, est en train de remonter le long du sous-sol norvégien, précisément sous l'archipel du Svalbard. En quoi est-ce une menace pour notre planète ? Pourquoi faut-il parler de bombe à retardement écologique ?
Il se cache dans le sous-sol norvégien, est aujourd'hui prisonnier du permafrost, autrement dit du sol gelé composé de roches, de sable et de glace, sur l'archipel du Svalbard. Lui, c'est le méthane, un gaz à effet de serre au pouvoir réchauffant bien plus puissant que le CO2. Le problème ? Il est en train de remonter vers la surface et pourrait être libéré à cause du réchauffement climatique...
Vers une fuite généralisée...
C'est dans une étude publiée le 13 décembre dernier dans la revue Frontiers qu'une équipe de chercheurs a analysé le gaz présent dans le sous-sol de l'archipel du Svalbard, en Norvège. Auparavant, ce type de recherches ne s'intéressait qu'à la quantité de méthane se trouvant directement sous le pergélisol, autrement dit quasiment à la surface.
Cette nouvelle étude est allée recueillir des informations plus en profondeur, et a considéré que ce pergélisol agissait comme une chappe renfermant le méthane, un "capuchon cryogénique". Le problème, c'est que les scientifiques ont observé sur 41 puits une migration du méthane vers l'atmosphère. Y aurait-il donc une fuite ?
Alors que le mélange qui constitue le permafrost (ou pergélisol) permet de maintenir sous terre le méthane, certains endroits, notamment en altitude, sont moins imperméables : la couche de protection est plus fine, en raison de la présence moins importante d'eau souterraine. Concrètement, les chercheurs considèrent que la fonte du permafrost va provoquer une libération massive de méthane, une fuite généralisée.
Un terrible cercle vicieux !
Ces chercheurs ont obtenu ces résultats inquiétants en analysant des données provenant de puits de forage destinés notamment à explorer des gisements de pétrole. Ils évoquent désormais "une migration généralisée d'hydrocarbures" qui serait en cours : cela signifie que le permafrost fond, que le gaz remonte vers la surface et qu'une libération massive de ce gaz est très probable. Le tout à cause d'un déséquilibre des "systèmes de fluides souterrains" dans le sous-sol.
Pour autant, on ne sait pas encore quelle est précisément la quantité de méthane qui s'échappe quotidiennement du permafrost. Certains scientifiques estiment même que ces fuites de méthane sont faibles, pour le moment. Ce qui est certain, c'est que sous ce pergélisol se trouvent 1700 milliards de tonnes de méthane !
Un chiffre particulièrement inquiétant pour l'avenir de notre planète, une véritable bombe à retardement écologique : en effet, le méthane a un pouvoir réchauffant 84 fois plus important que le CO2 lorsqu'il est libéré dans l'atmosphère (même s'il y reste 10 fois moins longtemps). Un potentiel destructeur qui prend la forme d'un cercle vicieux : fonte du permafrost, libération de méthane, accélération du réchauffement climatique, accélération de la fonte du permafrost...